Victoire des Diables rouges : "J'ai pleuré de joie", avoue Sylvie

Samedi 22 Novembre 2014 - 14:45

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Un beau jour ? Le soleil se lève et notre Congo resplendit. Ce même beau jour, c'est le bonheur qui resplendit sur le visage de Sylvie, la Maman de Marvin Baudry, auteur d'un match accompli pour une qualification historique à la CAN 2015. Un portrait, pas comme les autres, d'une femme dont le coeur bat pour son fils, footballeur et héros de la Nation.

Née à Brazzaville, c'est à l'âge de 16 ans que Sylvie rejoint sa soeur Yvette, étudiante en pharmacie, à Reims, en France. Au revoir les quartiers de son enfance ! Plateaux des 15 ans, Centre ville et Poto Poto. Sylvie découvre celle que l'on surnomme "La cité des sacres" ou "La cité des rois" pour poursuivre sa scolarité dans une ville qui respire le football Champagne des années 50 et qui malmena, lors de deux finales de légende de la Coupe des Clubs champions européens, le grand Real de Madrid (1956 et 1959). C'est donc à Reims que Sylvie met au monde trois joyaux, par la grâce de Dieu, dit-elle : Jessy (27 ans), Marvin (24 ans) et Alison (16 ans). Lorsque Marvin joue le match de sa vie sur le flan droit des Diables Rouges contre le Soudan, Sylvie, intérieurement, repasse le film en marche arrière. 

"Marvin est né un 26 janvier. Enfant, il avait un peu "un côté je sais tout" , apprendre l'orthographe des mots par coeur pour une dictée préparée était pour lui synonyme de triche. Il préférait faire parler son intelligence et parfois ses petits poings car il était légèrement bagarreur. Cela lui a donné sans doute cette rage de vaincre sur le terrain, cette soif de victoires ! Moi, j'étais supportrice comme beaucoup de parents, par n'importe quel temps. Je n'ai connu aucune pluie, aucun froid qui nous ait empêcher d'agiter nos banderoles et chanter à tue-tête !  Sa fierté - et la mienne - à recevoir coupes ou médailles légitimait le fait de subir les mauvais temps que je passais inlassablement pour le soutenir dans sa passion" ! Pour autant, Sylvie confie son irritation à voir à cette époque le jeune Marvin être toujours dernier… pour sortir de la douche, ajoutant dans un éclat de rires que cela n'a pas changé aujourd'hui.

Le foot rime-t-il avec études ?

Dès son plus jeune âge, Marvin veut être professionnel alors Marvin sera professionnel ! Alors que le match va bientôt commencé à Khartoum où les Diables Rouges jouent leur qualification, Sylvie se souvient : "Ecoute maman, depuis que j'ai 6 ans je veux être footballeur, ce n'est pas si proche du but que je vais mettre mes chances de côté. Les études je pourrais toujours les continuer après si jamais ça ne va pas". Marvin venait alors d'avoir son Baccalauréat, était inscrit à la Faculté mais les contraintes de la vie de jeune footballeur ne cadraient pas avec celles des études. Et la Maman de laisser aller son fils à la poursuite de ses rêves, de se ses ambitions ! Coup gagnant : à 22 ans, Marvin signe son premier contrat professionnel, jusqu'en juin 2015, au Sporting Club d'Amiens, aujourd'hui en National. A l'aéroport Roissy Charles de Gaulle, Sylvie a accompagné celui qui est devenu international et, quelques instants plus tard, l'avion d'Air France décolle pour Pointe Noire… Et puis cette défaite contre le Nigéria, les Diables Rouges sont au pied du mur. Aller au Soudan c'est : vaincre ou mourir !

Marvin vient d'arriver à Khartoum et la maman prend des nouvelles du moral de son fils, de ses partenaires et plus particulièrement d'Arnold Bouka Moutou qui est malade, s'enquiert aussi du décalage horaire. Oui, Sylvie est restée sa supportrice N°1, fêtant l'été dernier au Champagne la première sélection du latéral droit convoqué par Claude Leroy pour la double confrontation contre la Namibie les 15 mai et 1er juin 2014, lors du premier tour préliminaire de cette CAN 2015. "A l'heure de regarder le match contre le Soudan, j'étais surtout inquiète de ne pas pouvoir suivre le match à la maison avec 

Alison. Nous avons commencé à regarder Télé Congo avec la peur que la chaîne nous fasse faux-bond comme cela arrive parfois. Heureusement la copine de Marvin nous a donné un lien Internet pour suivre la rencontre même si nous avions un éventuel Plan B chez nos voisins. Mais Alison, qui est très complice avec Marvin , et moi voulions savourer cet événement. Entre filles" !

Les Crocodiles du Nil, par la grâce d'un magistral coup franc de Francis Nganga, sont menés 1-0 et Alison est obligée de calmer les cris de joie et les "Merci mon Dieu" de sa maman : "Chut Maman, ne crie pas si fort, les voisins vont appeler la police" ! La France n'a pas la tolérance du Congo en matière de manifestation de joie mais Sylvie n'en a cure, elle a ses excellentes raisons, elle saura les expliquer ! Mais sait-elle expliquer, au coup de sifflet final, ce torrent de larmes qui coule sur ses joues ? "Tout ce bonheur d'un coup, ce bonheur-là sur le visage de Marvin, sur celle de tout le groupe, ce bonheur-là était trop immense, oui, j'ai pleuré de joie"!

A l'autre bout du fil, la copine de Marvin est au bord des larmes, à peine raccroché le téléphone sonne, n'en finit plus de sonner, la famille, les amis…  Les Diables Rouges se qualifient pour la CAN ORANGE 2015 écrivant une page historique dans la capitale soudanaise! Et la Maman peut être fière, comme toute la République du Congo, de son fils !

A l'heure des remerciements elle n'oubliera personne, ni le sélectionneur et son groupe, ni la Fécofoot ou le ministère, ni les supporters de la sélection nationale et encore moins Dieu qui reste, dit-elle, le maître des temps et de toutes les circonstances. Un beau jour vient de se lever...

Philippe Édouard

Légendes et crédits photo : 

Photo 1: Sylvie, la mère de Marvin Baudry/ Crédits photo: Philippe Edouard Photo 2: Marvin Baudry en compagnie de sa mère / Crédits photo: Philippe Edouard