Vient de paraître : "Société civile, gouvernement, partis politiques et l’édification de la démocratie en RDC"

Jeudi 21 Juin 2018 - 15:45

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L'ouvrage de l’Institut de recherche en droits humains (IRDH) analyse froidement l’apport des organisations de la société civile  (OSC) dans l’édification de la démocratie dans le pays. Sans négliger la responsabilité de chaque acteur, ce livre fait constater que la part des OSC dans le chaos congolais est plus grande que celle de l'exécutif national, des formations politiques et des organisations internationales.

 

Le livre publié aux Éditions universitaires européennes n’analyse pas, selon l’auteur, la mégestion du gouvernement occupé par des politiciens véreux ni le dysfonctionnement des partis politiques sans projets de société alternatifs, mais remet en question le travail des OSC et leurs partenaires internationaux. Cet ouvrage d'une centaine de pages, confie l’IRDH, s’inspire de la pensée de Norbert Zongo, le journaliste burkinabé qui disait : « Le pire, ce n’est pas la méchanceté des gens mauvais, c’est le silence des gens bien ».

Pour asseoir son analyse, l'ouvrage part des quetions telles "Comment la RDC se trouve-telle dans un chaos permanent si la mission des OSC est celle de veiller à la bonne marche des institutions publiques ?", "Comment peut-on parler de l’institutionnalisation de la corruption des magistrats, sans remettre en cause le rôle de l’Ordre des avocats ?", "Comment peut-on parler de la médiocrité de l’enseignement, sans interpeller les comités des parents ?" et "Comment peut-on parler de l’incapacité de la société civile, sans chercher à comprendre le rôle des partenaires internationaux qui renforceraient leurs capacités depuis des lustres ?"

Le couronnement d’une situation de crise sociale

Dans son analyse, l’ouvrage part d’un postulat selon lequel « l’échec de l’édification de la démocratie en RDC est le couronnement d’une situation de crise sociale illustrée par des dichotomies dans tous les domaines de la vie publique ». La profusion des partis politiques et l’enracinement de la mégestion de la chose publique ; la prolifération d’OSC et le désintéressement à l’intérêt public ; le pullulement d’ONG internationales et la baisse de capacité d’ONG nationales; l’accroissement de l’investissement des multinationales et la montée exponentielle de l’indice de pauvreté sont autant d’éléments relevés dans ce livre. Cette analyse n’ignore pas, par ailleurs, que le rôle des OSC était secondaire, par rapport à celui des acteurs primaires que sont les dirigeants des institutions publiques et ceux en opposition.

Le livre relève aussi des défis que rencontrent les organisations internationales censées appuyer les OSC nationales alors que ces dernières évoluent dans un monde gangrené par une concurrence effrénée, le besoin de survie et d’accomplissement des politiques des bailleurs des fonds.

Ce doigt pointé vers les OSC dans leur contribution au processus de démocratisation fait référence à leurs missions d’exprimer toute la vitalité de la vie sociale, d’aider le souverain primaire à accomplir son devoir de choisir et contrôler les mandataires à qui il confie la gestion de l’État. « Cette mission est noble et façonne la vie publique. Dans les cas où elle est bien exécutée, elle participe au développement, le contraire, comme c’est le cas étudié, contribue à la déstabilisation de l’État », explique l’IRDH, dans sa communication du 21 juin.

Une plus grande responsabilité

Dans sa conclusion, le livre fait constater que la part des OSC dans le chaos congolais est plus grande que celle du gouvernement, des partis politiques et des organisations internationales. Leurs nobles missions, révèle-t-il, sont  mises en mal, notamment par le besoin de survie qui tourne leurs dirigeants vers des querelles incessantes ; l’ignorance des enjeux politiques, géopolitiques, financiers et  sécuritaires ainsi que la naïveté ahurissante d’attendre le salut des organisations internationales.

Ce qui amène l’auteur à attirer l’attention sur l’urgente nécessité pour les OSC de la RDC de se former en profondeur sur les complexes problèmes liés à l’édification de la démocratie; de s’informer constamment sur les nouvelles dynamiques politiques, les enjeux ainsi que les nouveaux acteurs nationaux et internationaux; et de repenser la façon d’agir, afin de reformuler des termes de collaboration avec des organisations internationales en matière de politique intérieure du pays. « L’action des OSC doit redevenir plus citoyenne que prétendument d’une certaine expertise à fournir à distance. Cette façon d’agir paraît trop naïve et renforce le chaos », a souligné l’auteur.

Lucien Dianzenza

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