Violences sexuelles : 3635 victimes enregistrées de janvier 2010 à décembre 2013

Jeudi 17 Avril 2014 - 17:30

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À en croire le Bureau des Nations Unies pour les droits de l’Homme (BCNUDH), quelques avancées ont été observées ces dernières années dans la lutte contre l’impunité pour les crimes de violence sexuelle.

Le nouveau rapport d’évaluation sur les violences sexuelles en République démocratique du Congo publié par le BCNUDH a sans doute le mérite d’avoir décelé des avancées mais aussi des obstacles qui entravent un meilleur encadrement du phénomène. Contrairement aux dernières publications qui mettaient une emphase particulière sur les déficiences du système national de lutte contre les violences sexuelles, cette fois-ci, l’accent est plutôt mis sur les efforts déployés en vue d’atteindre le degré zéro dans la commission de cette barbarie. De l’augmentation du nombre de poursuites notamment des agents de l’État pour des actes de violences sexuelles aux enquêtes de la justice militaire en cours, tout porte à croire qu’un travail de fond est en train d’être effectué sur le terrain. Des audiences foraines se tiennent un peu partout grâce notamment à l’appui technique et logistique apporté par les acteurs internationaux, y compris la Monusco. La RDC, qui s’est engagée au plus haut niveau sur les questions liées à la violence sexuelle, fait donc sa part d‘obligation telle que ressortie dans le communiqué conjoint sur la violence sexuelle signé avec l’organisation des Nations unies en mars 2013.

Toutefois, des efforts restent encore à faire pour remédier définitivement à ce phénomène social qui reste encore entier. De janvier 2010 à décembre 2013, le BCNUDH a, en effet, enregistré 3635 victimes de violences sexuelles à travers le territoire national. Les groupes armés considérés comme les principaux auteurs de ces violences ont fait 1820 victimes dans le cadre des opérations militaires lancées à leur encontre par les forces loyalistes dans les provinces du Nord-Kivu, Sud-Kivu et Province Orientale. Les Fardc, mais aussi les agents de l’État, auraient été responsables d’actes de viol et d’autres formes de violences sexuelles. Un peu plus de 1800 victimes sont à mettre à leur actif.

Par ailleurs, le rapport épingle quelques difficultés dans la prise en charge efficiente des victimes. La plupart des cas de violences sexuelles ne font jamais l’objet d’enquêtes ou de poursuites et peu de cas sont même rapportés, note la structure onusienne qui regrette en outre que la RDC ne puisse disposer d’un fonds de réparation en faveur des victimes. « Les victimes à qui des dommages et intérêts ont été octroyés n’ont rarement voire jamais reçu de tels paiements de leurs auteurs ou de l’État », ajoute le document. Parmi les obstacles majeurs, il est stigmatisé, entre autres, l’impunité aggravée notamment par les cas de corruption au sein du système judiciaire.

  

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Un groupe de femmes attristées