Visas pour la création : Microméga et Djo Ngeleka lauréats 2018

Mardi 17 Avril 2018 - 18:15

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Choisis respectivement comme représentants de la RDC en musique et théâtre, le slameur kinois et l’auteur lushois sont en résidence à la Cité internationale des arts (Paris) depuis le 9 avril.

Jean-Benoît Bokoli Bandefu, alias Microméga, lauréat musique RDCIl est prévu que Microméga, lauréat en musique, se produise en showcase en mai, à la Cité internationale des arts. Pas chanteur mais plutôt slameur hors pair populaire dans le monde du slam de Kinshasa, il est même sa fierté, disent d’aucuns. Nombreux sont ceux qui doivent se réjouir de son succès car ils s’accordaient déjà pour soutenir qu’il est à l’échelle nationale. En effet, après cette sélection bien méritée, c’est à présent en qualité d’ambassadeur de la RDC qu’il est en résidence à Paris, en France. Il va sans dire que ses chroniques hebdomadaires, diffusées depuis un an à la radio "Top Congo FM", vont manquer à ces Kinois qui avaient pris l’habitude de le suivre avec délectation. Sans conteste, sa manière de retracer l’actualité du pays au travers de ses slams aux textes réalistes teintés d’un humour subtil retenait l’attention.

De son vrai nom Jean-Benoît Bokoli Bandefu, Microméga étant celui d’artiste, il est surnommé à juste titre « le verbivore » par ses habituels fans comptés aussi parmi les auditeurs de la radio susmentionnée. Ceux qui l’on découvert par ce média apprécient ce rendez-vous honoré chaque semaine par l’artiste maniant les mots avec malice et justesse, au travers de rimes allusives pleines de raison.

Que les fans de Microméga revendiquent son envergure nationale rejoint la noble prétention du slameur qui, lui-même, « se définit avant tout comme poète congolais vivant à Kinshasa », souligne l’Institut français (IF), dans la présentation qu’il en fait. Et de le paraphraser que « c’est dans le fleuve Congo qu’il “ pêche ses rêves liquides “, et de lui qu’il puise son inspiration ». Habile avec les mots, comme les guitaristes peuvent l’être avec un instrument pour traduire leurs émotions, « le verbivore » s’est lancé à corps perdu dans le slam à partir de 2010. C’est de la sorte qu’en 2013 l’opportunité lui est offerte d’intervenir aux côtés de Grand Corps Malade à son concert à Kinshasa.

La scène n’est pas la seule voie qu’emprunte Microméga pour porter sa voix au monde. Il use aussi de sa plume pour le faire. À cet effet, il a publié deux recueils de slam dont les titres singuliers portent la signature du « verbivore ». Le premier, "Au clair de ma voix – poèmes à lire avec les oreilles", est paru en 2015 aux Éditions Weyrich, tandis que le second, "Rimes nationales – Slam colligés", est sorti aux Éditions Mediaspaul en mai 2017. D’aucuns tiennent le slameur kinois pour une figure de proue du mouvement slam dans la ville. Coordonnateur de LipopoSlam, association œuvrant pour la promotion de cet art oratoire poétique, il anime à ce titre des ateliers slam dans plusieurs écoles dont le Lycée français de Kinshasa.

La RDC aligne deux lauréats

Autre lauréat congolais avec Microméga, Djo Ngeleka n’est pas que comédien. Dans son univers, le théâtre, il navigue entre plusieurs eaux. Il est également metteur en scène, auteur et humoriste. Ce brillant artiste est natif de Lubumbashi où il vit et travaille. Son génie et mérite, c’est avant tout d’avoir évolué depuis plusieurs années sans repère et sans influence artistique. Et pour cause ? Notre théâtreux est arrivé dans le métier au moment où tout le monde abandonnait la scène dans sa ville. Voilà qui l’a mené, depuis 2010, à la quête d’un théâtre novateur quitte à rompre avec « l’esthétique de la complaisance liée au besoin de survie locale », soutient l’IF.Djo Ngeleka, lauréat théâtre RDC

Pendant sa résidence de trois mois entamée le 9 avril et censée s’achever le 8 juillet, Djo Ngeleka va travailler sur le projet « Nos beaux jours : sens et essence du langage au théâtre », à réaliser en trois phases. Il se présente tel « un espace de recherche d’un théâtre de parole et de geste. De parole comme action et de geste pour révéler les passions et exprimer les sentiments », apprend-on. Il a débuté par une période de recherche dramaturgique qui sera suivie d’une période d’immersion et d’association au travail de création de la Mc93 de Bobigny. Il va consister à « Emmener Beckett et les personnages pleins d’humanité de "Oh les beaux jours" à Lubumbashi, pour interroger l’état d’entropie sociétale auquel font face les citadins à chaque instant de leur vie, mais paradoxalement où vivre les beaux jours semble être crucial », nous apprend l’IF de Lubumbashi. Du reste, partenaire du projet avec la Cité internationale des arts et la Mc93 de Bobigny, l’espace va servir de cadre à l’expérimentation de création.

Retenons que Visas pour la création est un programme de résidence destiné aux jeunes talents, à des artistes résidant soit en Afrique, soit aux Caraïbes, désireux de développer un projet précis de recherche ou de création en France ou dans un autre pays d’Afrique ou des Caraïbes. La résidence a pour but d’aider ces artistes à se perfectionner en donnant un coup d’accélérateur à leur carrière.

 

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Jean-Benoît Bokoli Bandefu, alias Microméga, lauréat musique RDC Photo 2 : Djo Ngeleka, lauréat théâtre RDC

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