Voir ou revoir : « Duga, les charognards » d’Abdoulaye Dao et Éric Lengani

Vendredi 11 Septembre 2020 - 12:22

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Se souvenir de ce qui compte réellement, tel est le message fort que partage le film-choc, « Duga, les charognards », coréalisé par Abdoulaye Dao et Éric Lengani.

« Quand les éléphants se battent » évoquait un coup d'Etat déjoué ; « Une femme pas comme les autres » planchait sur la question de la polyandrie ; « Duga, les Charognards », le dernier film d’Abdoulaye Dao en collaboration avec Hervé Eric Lengani, interroge directement la société burkinabé et la raison de ses maux. La trame du film tourne essentiellement autour de Rasmané, un vieil orpailleur qui se retrouve avec un cadavre sur les bras, celui de son cousin Pierre décédé au village mais que personne ne veut s'occuper des funérailles parce qu’il est non-croyant. Pour Rasmané, c'est le point de départ d'un périple plein de rebondissements à travers tout le Burkina-Faso.

Avec simplicité et sans effets larmoyants inutiles, le film se saisit de l’humour éduqué. Il s'attelle sur des sujets délicats, en racontant, d'une part, l'histoire d'un défunt qu'on peine à enterrer et de l'autre, celle d'un nouveau-né abandonné dans une décharge. Les deux récits se font écho confrontant le téléspectateur aux faiblesses administratives du Burkina Faso, au poids des coutumes et du sectarisme, ainsi qu’à la persistance ou non de certaines valeurs morales au sein de cette société. Ainsi, en interpellant par des propos forts et percutants sur des sujets tels le vivre-ensemble et le sort réservé aux vivants comme aux morts, cette fiction s’interroge particulièrement sur le rôle que revêt, aujourd’hui, la morale dans un monde détérioré par la corruption, le chômage et biens d’autres maux.  

Dans cette représentation cinématographique à mi-chemin entre la fiction et la réalité, le récit tente de montrer aux téléspectateurs qu’en ce qui concerne l’aide sociale, entre les représentants religieux et des jeunes délinquants, les êtres avec le plus de compassion et de conscience morale ne sont pas toujours ceux qu’on prétend. Notons que « Duga, les charognards » a aussi pour mérite de mettre en lumière une région du Burkina Faso peu dévoilée, à savoir la ville de Boromo et ses environs.  Il a reçu le prix Signis et le prix de l'Uemoa lors du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) 2019.

Merveille Jessica Atipo

Légendes et crédits photo : 

L’affiche du film/DR

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