Vote de la loi électorale : l’opposition redoute une nouvelle manœuvre de la majorité

Lundi 26 Janvier 2015 - 16:30

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Le chef du groupe parlementaire UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social) et alliés à l’Assemblée nationale dénonce les « sous-entendus » et les « ambiguïtés » du texte voté dimanche par les parlementaires.

Nonobstant le vote par les deux chambres du Parlement de la nouvelle loi électorale expurgée de la disposition qui avait récemment provoqué des violences meurtrières à Kinshasa et à l’intérieur du pays, l’opposition n’est satisfaite qu’à moitié. En tout cas, quelques leaders de cette-plate-forme politique ne ratent plus une seule occasion pour exprimer leur dépit par rapport à ce dénouement qui, d’après eux, cacherait quelques sous-entendus. Après avoir bataillé ferme pour le retrait de l’article 8 alinéa 3 qui subordonnait la tenue des élections au recensement et obtenu son annulation et d'y avoir obtenu gain de cause, l’opposition a aujourd’hui l’œil rivé sur le calendrier électoral. L’on croit savoir que la duperie tant redoutée tendant à accorder un mandat supplémentaire à Joseph Kabila au-delà de 2016 pourrait venir de ce côté-là, en complicité avec la Céni dont l’indépendance a toujours été mise en cause.

D’après Samy Badibanga, chef du groupe parlementaire UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social) et alliés à l’Assemblée nationale, le fait que la loi électorale adoptée n’a pas explicitement mentionné l’obligation légale du respect du délai constitutionnel dans l’organisation de la prochaine présidentielle, pose problème. Bien que les explications fournies par les experts aient déclaré que cela allait de soi étant entendu que ce cas de figure est déjà réglé par la Constitution, Samy Badibanga et ses compagnons ne l’entendent pas de cette oreille. Pour eux, le danger du glissement au-delà de 2016 persiste dès lors que la Céni de qui l’on attend la publication du calendrier électoral aura la latitude de tirer les choses en longueur. Ce, d’autant plus que le nouveau texte supprime la référence à 2015 pour la tenue des élections locales, provinciales et sénatoriales.

Là-dessus, les appréhensions de l’opposition portent sur les atermoiements qui risquent de caractériser la Céni étant entendu que ces différents scrutins sont censés précéder la présidentielle. De quoi faire redouter l’opposition sur la perspective du prolongement du mandat présidentiel. En outre, le fait de chercher à organiser les législatives en même temps que la présidentielle serait aussi source d’appréhension pour l’opposition. Cette dernière,  qui n’a pas été sourde aux revendications de la majorité tenant mordicus à organiser le recensement afin de procéder à une répartition équitable des sièges au regard du poids démographique de chaque circonscription électorale, reste aux aguets.

Rien n’est encore gagné d’avance, argue-t-on dans certains milieux de l’opposition. Un peu comme pour paraphraser un diplomate accrédité à Kinshasa qui déclarait il y a peu : « On a le sentiment qu'une crise a été réglée mais qu'à la première occasion, les durs du régime recommenceront" à agir pour permettre à Joseph Kabila de rester au pouvoir ». Comme quoi, on n'est pas encore sorti de l'auberge.   

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Samy Badibanga