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Vouloir le dialogue et le mystifier

Samedi 18 Juin 2016 - 13:30

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Ecoutez parler les acteurs politiques congolais ! Vous-vous rendrez compte que la plupart inscrivent l’invective et l’absence de sobriété au menu de leur agir quotidien. Qu’ils soient approchés par les médias audio-visuels, emmanchent eux-mêmes leurs plumes pour écrire dans la presse, ou se déguisent en de passionnants internautes, ils crachent du feu et semblent tous prêts à incendier la plaine. Au cœur du métier qu’ils ont choisi pour la vie, la politique, rares sont ceux parmi eux qui se rendent compte qu’ils ont chaque fois, par ce procédé incompréhensible de ne pas savoir ce qu'ils veulent, manqué l’occasion de faire de l’environnement dans lequel ils exercent un espace de dialogue apaisé pour le bien du pays.

Le 10 juin dernier, les Congolais se souvenaient de la date de clôture de la Conférence nationale souveraine qui amena le pluralisme il y a aujourd’hui 25 ans. Ils ont dû se rendre compte que ce fut aussi le début de la série d’échecs qui piègent la démocratie congolaise. À commencer par le fait que les partis politiques créent à la faveur de ce tournant historique de la vie nationale se sont révélés être de simples caisses de résonnance des aspirations ethno-régionales de leurs initiateurs. Il suffit de lire les statistiques nominales de leurs instances dirigeantes pour s’en apercevoir : ce sont toutes des entités en état de stagnation presque définitif. Mais ce n’est peut-être pas là le fond du problème !

Il est clair que le moment propice au regain d’activités des formations politiques est celui pendant lequel sont organisées les élections. Il n’en demeure pas moins vrai qu’un parti politique vit aussi à travers l’exécution du programme qu’il se donne ; qu’un tel programme doit inscrire la formation des militants de base parmi ses priorités. Or dans le cas de la plupart des formations congolaises, la seule existence se mesure au passage de leurs leaders dans la presse. Même si la portée émotionnelle des déclarations qu’ils font alors peut être certaine, les problèmes globaux de fonctionnement des partis ne se mesurent pas aux seules annonces médiatiques.

Le gouvernement qui l’a promis devrait-il, peut-être, au regard des dispositions constitutionnelles, doter les partis de budgets nécessaires à leur meilleure implantation. Au regard des critères contenus dans la loi sur les partis, ce sera certainement l’occasion de savoir si ces derniers parviennent à s’y conformer. Certains de ces critères étant que les partis doivent disposer d’un siège national, mais aussi avoir des membres dans tous les départements. Le Congo en compte douze aujourd’hui. Il se pourrait donc que l’absence de financement des partis fasse le lit des atavismes qui rendent l’espace politique congolais moins convivial, nous fabriquent des dirigeants souvent incapables de s’entendre sur l’essentiel même quand ils en ont l’occasion.

On note, en effet, ces dernières semaines que la tendance est au dialogue, encore une fois des acteurs politiques congolais. Après une longue querelle consécutive au déroulement de la dernière élection présidentielle, se parler serait tout bénef pour le pays. Sauf qu’avant même que le cadre de ce dialogue ne soit posé, les déclarations que l’on entend des responsables politiques qui devraient en apporter de la valeur ajoutée sont de nature à en éloigner les échéances. On appelle cela vouloir d’une chose et son contraire.

Gankama N'Siah

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