Yhoan Andzouana : « J’ai mûri et gagné en efficacité ces derniers mois »

Vendredi 28 Février 2020 - 13:15

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Arrivé en septembre 2019 à Roulers, Yhoan Andzouana effectue la meilleure saison de sa jeune carrière. Le natif de Brazzaville, âgé de 23 ans, fait le point sur sa situation, revient sur son passage en Espagne et apporte un éclairage sur l’ambiance qui règne chez les Diables rouges.

Les Dépêches de Brazzaville (LDB) : Elu meilleur joueur du club au mois de janvier, tu restes sur ta bonne dynamique avec deux passes décisives et 1 penalty obtenu en février. On te sent très épanoui à Roulers…

Yhoan Andzouana (YA) : Oui, je me sens très bien ici : j’ai la confiance de mes partenaires et de mon entraîneur. Comme tout le groupe, je suis mobilisé à 200% par l’objectif fixé qui est le maintien.

LDB : Avec quatre buts et quatre passes décisives ( trois comptabilisées par les instances ) en vingt rencontres : peut-on dire que ta carrière est enfin lancée ?

Y.A : Effectivement, je ne suis pas venu pour me relancer, mais pour me lancer. C’est finalement ma première saison professionnelle et je la considère bonne, même si je sais que je peux et je dois faire mieux.

LDB : A Roulers, tu joues essentiellement sur l’aile ?

Y.A : Je joue surtout à droite ou en soutien de l’attaquant.

LDB : Après une saison en Espagne au poste de latéral gauche, on imagine que tu es soulagé.

Y.A : Oui, c’est à ce poste que je prends le plus de plaisir. Ce que j’aime, c’est attaquer, même si je ne rechigne pas au travail défensif. Je préfère jouer sur l’aile gauche, mais je suis plus efficace à droite et en soutien de l’attaquant. J’ai mûri et gagné en efficacité ces derniers mois.

LDB : Dans quels domaines penses-tu avoir le plus progressé depuis ton passage en Espagne, où tu étais le meilleur buteur de l’équipe, malgré la relégation ?

Y.A : Pour moi, ce passage en Espagne a été une mauvaise expérience à titre personnel. J’étais venu pour être aux portes de l’équipe A de Girona et je me suis retrouvé, deux divisions en-dessous, dans le club partenaire, Peralada. Cerise sur le gâteau, le staff voulait que je joue comme latéral. Cela étant dit, je crois que cette période compliquée m’a permis de progresser sur de nombreux points : mentalement, en sortant de mon confort en quittant mon club formateur, en découvrant un nouveau pays, une nouvelle langue, une autre mentalité. Tactiquement, j’ai beaucoup appris à ce poste de latéral, je comprends mieux ce que ressentent les défenseurs, ce qui les met en difficulté. En termes de professionnalisme avec une approche du métier différente de ce que je connaissais en France, avec le travail en salle chaque matin…

LDB : Qu’as-tu découvert dans cette Proximus League (ndlr : la deuxième division belge) ?

Y.A : J’ai été agréablement surpris par le niveau général. C’est un championnat assez anonyme au niveau européen, mais très suivi en Belgique. Dans chaque équipe, il y a des bons joueurs qui continueront leur carrière au plus haut niveau. Ça relève le niveau des oppositions.

LDB : Pour Roulers qui a connu des problèmes financiers en début de saison, l’objectif est simple : battre Lommel ce soir (ndlr: vendredi) pour éviter les play-down contre Lokeren.

Y.A : ça fait plusieurs semaines (ndlr : 5 nuls et 2 défaites en 2020) qu’on se bat pour rester dans la course. Ce match, c’est notre finale. A nous de la gagner.

LDB : A 23 ans, on peut dire que ta carrière est encore devant toi, mais que, pour autant, tu n’as plus de temps à perdre. Quelles sont tes ambitions à court et moyen termes ?

Y.A : Quand on a 23 ans, on a pleins d’objectifs, de rêves, d’ambitions. Mais avec ce que j’ai vécu ces deux dernières années, je sais aussi que tout peut aller très vite dans les deux sens. Donc, je garde la tête sur les épaules pour faire les bons choix : trouver le championnat qui me conviendra le mieux ; choisir le club qui aura vraiment besoin de moi. Et je pense pouvoir trouver cela en Belgique.

LDB : A très court terme, il y a les échéances de l’équipe nationale avec les deux confrontations face à Eswatini pour le compte des 3e et 4e journées de la CAN 2021. Quand on a goûté à la sélection, on a envie d’y être à chaque fois ?

Y.A : Oui, forcément, surtout que j’ai connu une longue période d’absence entre mes deux premières sélections (ndlr : entre le match RDC-Congo de juin 2017 et Sénégal-Congo en novembre 2019). Désormais, je veux m’inscrire dans la durée chez les Diables rouges, d’autant plus que j’y ai retrouvé des amis rencontrés en catégories de jeunes (ndlr : en U17, en U20 puis en U23) : Merveil Ndockyt, Durel Avounou, Ravy Tsouka Dozi, Sylver Ganvoula, Christoffer Mafoumbi, Prince Ibara, pour ne citer qu’eux. Et puis il y a des garçons comme Gaïus Makouta, qui ont rejoint le groupe plus récemment, mais qu’on a l’impression de connaître depuis plusieurs années.

LDB : Cette CAN 2021, c’est donc l’objectif d’une génération, d’un groupe d’amis ?

Y.A : On sait que les attentes sont énormes, qu’il faut que l’on redore le blason de la sélection après les derniers échecs. Je pense que nous sommes plusieurs à arriver à maturité et que l’heure est venue pour nous de montrer nos qualités et de prendre nos responsabilités. La force de ce groupe réside dans sa cohésion : on se parle presque tous les jours, avant même que les listes ne sortent, on prépare déjà les matches, analyse les adversaires. On est à fond…

LDB : Un dernier mot pour finir : une interview donnée à Onze Mondial a circulé sur les réseaux sociaux l’été dernier et suscité une petite polémique (ndlr : « je n’ai pas fait mon choix définitif concernant la sélection. Je peux autant jouer avec la France que le Congo, et je peux même jouer pour la Belgique de par les origines de mon père. Je me laisse le temps de décider. »)…

Y.A : C’est un non-sujet. Mon choix, je l’ai fait en 2013 lorsque j’ai intégré les Diablotins. Ma grand-mère paternelle est Belge et je voulais lui rendre hommage dans cet entretien, mais je n’ai jamais fait aucune démarche dans ce sens et je n’en ai aucune envie. Je suis un Diable rouge du Congo, un point c’est tout.

Propos recueillis par Camille Delourme

Légendes et crédits photo : 

Photo 1: Yhoan Andzouana s'épanouit cette saison sous le maillot de Roulers (DR) Photo 2: L'ancien Monégasque a été désigné joueur du mois de février (DR) Photo 3: Yhoan Andzouana, avec Franck Nioby et Ravy Tsouka Dozi, lors des Jeux Africains de Brazzaville en 2015 (ADIAC/CD)

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