Opinion
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Le 14-JuilletVendredi 19 Juillet 2013 - 10:15 En 1956, un confrère écrivait au sujet du 14-Juillet : « De Paris à Brazzaville, de Nouméa aux Antilles, partout où flotte le drapeau tricolore, la fête nationale a été marquée par des cérémonies, des discours et des défilés militaires. Dans tous les pays où réside un ambassadeur de France, les gouvernements sont venus lui dire les vœux qu’ils forment pour l’avenir d’une nation qui joue dans le monde un rôle irremplaçable. » Le 14 juillet dernier, le peuple français a célébré sa fête nationale. Le 14 juillet était aussi notre fête nationale au Congo. Certains l’ignorent, d’autres l’ont oublié, les Français notamment. Quant à moi, je m’en souviens. C’était « la fête des fêtes ». On l’appelait ici : Eyenga Poto. Aujourd’hui encore, lorsque retentit La Marseillaise, mon cœur frémit de bonheur. C’est paradoxal, diront certains. Non. Parce qu’on m’avait convaincu que j’étais français. Cet hymne, je l’ai connu dès ma prime enfance et chanté à l’école maternelle qui se situait rue Paul-Kamba, en face de l’hospice des vieillards. Le bâtiment, naguère noyé sous une frondaison luxuriante, est, aujourd’hui, propriété de la Croix-Rouge congolaise et le siège d’une église de réveil. À cette école maternelle, j’avais appris que « mes ancêtres étaient les Gaulois ». L’histoire, elle, n’a pas oublié que Brazzaville, ma ville, fut et demeurera dans l’imaginaire collectif la capitale de la France libre, la capitale de la liberté. On ne réécrit pas l’histoire en fonction des itinéraires contingents. Cela est valable, aussi bien, pour les hommes que pour les pays. Comme beaucoup d’Africains, je suis un Janus biface. Un côté français qui ne s’est jamais estompé, un côté congolais profondément ancré dans mon être. Ecartèlement que Frantz Fanon fustigeait dans Peau noire, Masques blancs, son ouvrage qui fit un sacré boucan à sa parution. Quant à moi, j’assume pleinement cette ambivalence née de mon histoire personnelle et de notre histoire collective. Cette réalité est, hélas, niée par la France. Désormais, ces Français d’hier, les Africains, ont le sentiment d’être traités comme des parias. Même les binationaux, et Dieu seul sait qu’il y en a beaucoup, qui n’échappent pas à l’ostracisme ambiant. Nos pays ne sont guère mieux traités. Comme le chantait Michel Sardou, au sujet du paquebot France vendu à la Norvège, la France, elle [nous] a laissés tomber. C’est l’occasion de rappeler que l’Afrique est l’avenir du monde, et de la France, en particulier. Elle est la chance de la France. Ne serait-ce que du point de vue de la sauvegarde de la langue française. Il y a plus de locuteurs du français en Afrique qu’en France métropolitaine. La France a colonisé l’Afrique, l’Afrique colonise sa langue. Dans un intérêt partagé ? Rien n’est moins sûr. Il faut y travailler. Le 14 juillet 1789 est la date de la prise de la Bastille, symbole de l’arbitraire royal, par les Parisiens. Que représente réellement cette date ? C’est la fin de l’Ancien Régime et le début de la Révolution. La fête nationale du 14-Juillet perpétue le souvenir de ce moment de l’histoire de la France. Le premier anniversaire de l’événement donnera lieu à une grande réconciliation nationale, la fête de la Fédération, et beaucoup plus tard, en 1879, la IIIe République naissante, qui cherche une date pour servir de support à une fête nationale et républicaine, la consacrera à cette fin. Le député Benjamin Raspail, après que d’autres dates eurent été envisagées, déposa le 21 mai 1880 une proposition de loi tendant à adopter le 14 juillet comme jour de fête annuelle. Si le 14 juillet 1789, prise de la Bastille, est jugé par certains parlementaires comme une journée trop sanglante, la fête de la Fédération du 14 juillet 1790, elle, permet d’atteindre un consensus. Cette date à « double acception » permet d’unir tous les républicains. La loi, signée par 64 députés, est adoptée par l’Assemblée le 8 juin et par le Sénat le 29 juin. Elle est promulguée le 6 juillet 1880 et précise simplement que « la République adopte le 14 juillet comme jour de fête annuelle », sans indiquer d’année de référence. Mfumu Edition:Édition Quotidienne (DB) |