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La Misca se démembre à BruxellesLundi 7 Avril 2014 - 5:26 Les récriminations à l’encontre des forces tchadiennes de la Mission internationale de sécurisation de la Centrafrique (Misca), accusées d’agir pour leur propre compte, s’étaient multipliées depuis un moment parmi les habitants de Bangui. Mais avec un effectif de plus de 800 hommes, le contingent envoyé par N’Djamena constituait, aux côtés de ceux des sept autres pays contributeurs (Burundi, Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, RD-Congo, Rwanda), l’un des plus gros engagements au sein de cette mission admise par l’Union africaine et les Nations unies. Le retrait des Tchadiens du théâtre des opérations dans une Centrafrique en quête de stabilité peut rejaillir négativement sur la suite de la mission et poser, à terme, le problème de la coordination générale au niveau de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (Cééac), creuset essentiel de la Misca. Ce qui paraît incompréhensible, néanmoins, est le fait que l’annonce de ce désengagement tchadien se soit produite, non pas dans le cadre de la Cééac, mais à Bruxelles, en Belgique, en marge du sommet Union européenne-Afrique. Bien que la situation en Centrafrique ait été au cœur des discussions des chefs d’État et de gouvernement des deux parties, il convient de noter que depuis l’éclatement de la crise centrafricaine, début 2013, la Cééac avait choisi d’agir de façon concertée sur ce dossier brûlant. La série de réunions au sommet organisées à N’Djamena, la capitale tchadienne, sous les auspices du président Idriss Deby Itno, dont le pays assure la présidence en exercice de l’organisation, explique combien l’Afrique centrale est préoccupée du sort de la Centrafrique. La dernière preuve de cette unité d’action fut donnée le 1er février à Addis-Abeba, en Éthiopie. Dans la foulée du sommet de l’UA, après concertation, les dirigeants de la sous-région annonçaient, par la voix du médiateur, le chef de l’État congolais, Denis Sassou-N’Guesso, l’octroi par la Cééac d’une contribution de 100 millions de dollars d’aide à la Centrafrique. Cette assistance faisait suite à bien d’autres soutiens de même nature apportés auparavant. Il est indéniable que d’un certain point de vue, la bonne nouvelle révélée par la décision de l’Union européenne de lancer l’Eufor-RCA, cette force attendue de longue date pour appuyer l’opération française Sangaris et la Misca, est un peu contrariée. D’abord parce que les unités promises ne se déploieront qu’au mois de mai alors que les violences se poursuivent. Ensuite, leur nombre, 1 000 au total, est proche de celui des soldats tchadiens qui sont sur le départ. Au regard de la complexité du travail à faire à Bangui et sur l’ensemble de la Centrafrique, la mission africaine pourrait souffrir longtemps de cette déflation. En apparence, N’Djamena n’est pas près de revenir sur sa décision d’autant que le communiqué de presse diffusé par les Affaires étrangères tchadiennes dénote un dépit, un agacement. « Malgré les sacrifices consentis, le Tchad et les Tchadiens font l’objet d’une campagne gratuite et malveillante tendant à leur faire porter la responsabilité de tous les maux dont souffre la RCA », peut-on lire. Il faut craindre qu’une telle formulation ne rende compte du sentiment général exprimé par N’Djamena à la fois vis-à-vis de l’ennemi intérieur centrafricain anti-Misca et des autres composantes de la Misca elle-même. Dans ce dernier cas, les conséquences du refroidissement tchadien pourraient déteindre – cela est souligné plus haut – sur le rôle que s’est assigné la Cééac d’accompagner la Centrafrique vers la sortie de crise et l’organisation d’élections générales au terme de la transition. Le Tchad, comme les autres pays de la sous-région et les partenaires extérieurs de la Centrafrique, a souvent mis la main au portefeuille pour contribuer à la bourse nourricière de ce pays exsangue. Gageons que le retrait annoncé des hommes en uniforme dissuade N’Djamena de se soustraire à l’effort sous-régional dont il est partie prenante depuis le début. Gankama N’Siah Edition:Édition Quotidienne (DB) |