Voisinage

Nul ne saurait contester le fait qu’une remise en ordre des rapports très particuliers qu’entretiennent Brazzaville et Kinshasa grâce au fleuve Congo était devenue nécessaire compte tenu des problèmes croissants nés de cette proximité. Mais nul ne saurait contester non plus le fait qu’une telle remise en ordre ne doit en aucun cas perturber durablement les relations séculaires qui existent entre les deux capitales les plus proches du monde.

Trois raisons au moins imposent aux autorités des deux Congo de construire sans plus attendre un système fiable et raisonnable de contrôle des flux humains et matériels qui empruntent chaque jour la voie fluviale.

La première tient au fait que les peuples des deux rives sont frères et que la plupart des familles vivant sur un bord ont des attaches sur l’autre bord que la séparation artificielle des États à l’époque coloniale n’a pas brisées. La deuxième résulte du fait qu’un fleuve ne constitue nulle part dans le monde une barrière, mais bien au contraire s’affirme comme un trait d’union qui permet aux nations de commercer et donc de coopérer étroitement. La troisième, que l’on verra s’affirmer dans les années à venir, est que le Bassin du Congo n’est pas seulement une entité géographique, mais se prépare à devenir l’une des communautés les plus dynamiques de la planète, dont le centre sera bien évidemment Brazzaville et Kinshasa.

D’où cette idée qu’après avoir mis en place, de part et d’autre du fleuve, les contrôles individuels et collectifs nécessaires pour garantir leur sécurité réciproque, les deux villes capitales doivent se préoccuper d’asseoir sur des bases plus solides qu’aujourd’hui leurs relations dans tous les domaines. Si, en effet, elles y parviennent dans un délai raisonnable, le duo Brazzaville-Kinshasa deviendra l’un des centres urbains les plus attractifs de la planète.

Nous sommes bien placés pour en témoigner, nous qui sommes présents des deux côtés du fleuve et qui voyons augmenter chaque jour le nombre de nos lecteurs. Preuve, s’il en fallait une, que la soif d’information est identique de part et d’autre.