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Congo: université et émergence, un défi à relever

Vendredi 26 Juillet 2013 - 9:51

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Le Congo s'est fixé comme objectif de devenir  un pays  émergent d'ici à l'horizon 2025. Un objectif qui ne peut être atteint  que si le pays dispose de  ressources humaines de qualité. C'est l'une  des missions de notre seule université  publique, créée il ya quarante deux ans, l’université Marien Ngouabi. Cette structure de formation est l’héritage direct de la colonisation. En effet Brazzaville, en tant que capitale de l’Afrique équatoriale  française, a abrité  la plupart des infrastructures de cette communauté coloniale française. Parmi celles-ci l’on compte le centre d’enseignement supérieur de Brazzaville.

L’université Marien Ngouabi exerce trois missions : la formation, la recherche, le service à la société. Ces missions s’exercent au moyen de la gouvernance académique, de la gouvernance administrative et financière, soutenues par la coopération et les relations  avec le monde du travail.

Elle compte aujourd’hui onze établissements répartis  dans la ville de Brazzaville.  Le site de Bayardelle abrite deux grandes facultés: la faculté des lettres et des sciences humaines  et la faculté des sciences économiques. La cohabitation des ces deux établissements à grand effectif est un lourd handicap pour l’organisation pédagogique des enseignements. En effet, environ cinq mille étudiants sont inscrits pour l’année académique 2012-2013 à la faculté des lettres et des sciences humaines et dix mille à la faculté des sciences économiques, et la tendance à l’augmentation à la hausse des étudiants reste forte. Les cadres formés à l’université sont progressivement mis à la disposition de la société, de l’administration publique ou privée et des entreprises.

Sur le plan  pédagogique l’arrimage définitif de l’université Marien Ngouabi au système LMD (Licence, Master, Doctorat) oblige celle-ci à mettre en œuvre l’adéquation  formation-emploi et à répondre aux besoins de la société par sa recherche et sa recherche développement. Les enseignants de l’université Marien Ngouabi sont d’un excellent niveau comme en témoignent, les résultats aux différents Comités techniques spécialisés du CAMES où les taux de réussite sont toujours supérieurs à 80 %. La 35è session  des CCI, qui s’est déroulée à  N’Djamena du 13 au 23 juillet 2013 a confirmé cette tendance.

Les étudiants de l’université Marien Ngouabi bénéficient d’un enseignement de qualité et certaines de nos structures de formation ont déjà gagné la faveur de quelques grandes entreprises de renommée internationale avec lesquelles existe déjà un partenariat fort et durable.  C’est le cas par exemple de l’ENSP (l’Ecole nationale supérieure et polytechnique) avec les sociétés pétrolières, l’ISG (Institut Supérieur de Gestion) l’ENSAF (Ecole nationale supérieure d’agronomie et foresterie). Il faut aussi noter que la recherche-développement est  le maillon faible car les ressources budgétaires  sont insuffisantes  et peu  accessibles aux chercheurs.  Les résultats qu’obtiennent les  enseignants chercheurs sont généralement le fruit de leurs efforts et sacrifices

L’élargissement de l’offre de formation est également un objectif de l’Université Marein Ngouabi  car de nombreux domaines de l’activité académique ne sont pas encore  pris en compte . C’est le cas des hydrocarbures, ou des technologies de l’information  et de la communication pour lesquels des accords sont signés avec les partenaires économiques. De même la création d’une direction des relations avec le monde du travail et les protocoles d’accords qu’elle signe avec les sociétés participent des efforts que déploie le Recteur pour donner une vision nouvelle à l’université. Il en va ainsi du domaine  des mines où existe une collaboration étroite  dans l’échange des informations.

Parmi les problèmes qui se posent aujourd’hui à l’université  il ya  l’insuffisance de structures et  de personnel enseignant. On note une inadéquation entre  l’augmentation constante de la population estudiantine et la réponse aux besoins en cadres et spécialistes de haut niveau de l’université. L’insuffisance des ressources humaines oblige l’université à recourir aux services des enseignants vacataires  qui sont en nombre croissant. L’université manque de  plate-formes techniques capables de répondre aux besoins des chercheurs et de faciliter l’obtention rapide des résultats attendus.

Dans un contexte de recherche de l’efficacité au moment même ou notre pays est engagé vers son émergence d’ici  2025 et avec la proclamation de cette année comme année de l’éducation  en République du Congo une attention particulière devrait être accordée à la seule université publique de notre pays.  Une vision claire et une  stratégie réelle  qui devrait   être portée par une volonté politique affirmée  et se traduire en appui réel à l’université pour une meilleure visibilité de son action. Cette stratégie pourrait  être  centrée sur  quelques objectifs prioritaires et structurants comme l’amélioration des conditions d’apprentissage et la mise en place d’une plate-forme technique performante. Il s’agit de faire en sorte que les ratios dans les salles de cours soient les mieux adaptés à  un bon encadrement pédagogique. Cela peut se faire grâce à une bonne évaluation des besoins en personnel d’encadrement, en  salles de cours, en  tables bancs en laboratoires et autres supports  techniques  en fonction du nombre d’étudiants.

La population estudiantine congolaise est en augmentation constante puisque chaque année environ 3000 nouveaux bacheliers sont comptés, dont les deux tiers sollicitent leur inscription dans les différents établissements de cette formation universitaire.

L’université  a aussi pour rôle de contribuer au développement de la société. Elle produit des connaissances. Elle permet grâce  aux  résultats des recherches menées  par ses chercheurs d’impulser le développement. Dans le domaine agricole, son implication peut s’avérer fondamentale dans la mesure où le résultat des  recherches pourrait être mis à la disposition des éleveurs. Comment faire pour produire   et conserver les fruits et légumes en toutes saisons, augmenter cette production  et améliorer l’offre ? Ces préoccupations peuvent trouver leurs réponses à travers les travaux de recherche, ce qui serait une bonne chose pour les porteurs de  projet ou les investisseurs.

Ce n'est que dans ces conditions que notre université pourra devenir réellement un appui fondamental dans la marche vers l’émergence du Congo d'ici à 2025.

Emmanuel Mbengue

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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