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Congo-Brazzaville : le débat sur la Constitution du 20 janvier 2002 (suite)Lundi 12 Mai 2014 - 0:00 Le retrait du pouvoir : ce qui peut faire croire au départ du président de la République à la fin de son deuxième mandat en 2016 Le président Denis Sassou-N’Guesso a déjà fait la preuve de son respect pour les principes démocratiques et la stabilité des institutions nationales. Ne trompons pas les masses en manipulant faussement l’histoire du Congo pour présenter les faits autrement. Dans le courant des années 1990, il a été le seul chef d’État en Afrique centrale qui a garanti les assises d’une conférence nationale souveraine : il l’a convoquée et a permis le déroulement sans heurts de ses débats alors même qu’il y a été quotidiennement vilipendé, vitupéré, sali et profondément déshonoré. Il a pris ses responsabilités en assumant devant le peuple toutes les erreurs politiques, y compris celles de ses nombreux collaborateurs. Il a également accepté les conclusions de cette conférence qui lui a retiré toutes les prérogatives de son rang en lui substituant un Premier ministre de transition aux pouvoirs exécutifs étendus. Il a enfin accepté le verdict des premières élections présidentielles congolaises au suffrage universel. À la tête de l’État, il a perdu les élections présidentielles et législatives, sacrifiant de fait avec lui ses amis politiques du PCT. Il s’est incliné et s’est progressivement retiré du jeu politique sans heurts ni regrets. Pourtant, avec le recul, tout le monde est capable d’imaginer qu’il avait encore à cette époque les moyens de nuire, qu’il pouvait à tout moment refuser ou boycotter ce mécanisme politique qu’il avait permis, mais qui lui échappait. Omar Bongo, Mobutu et Paul Biya l’ont fait en faisant traîner en longueur la conférence nationale ou en interrompant simplement ses travaux sans aucune suite. On peut d’ailleurs remarquer que le président Sassou-N’Guesso a été le seul chef d’État dans la sous-région d’Afrique centrale qui a perdu le pouvoir avec l’avènement du multipartisme : Omar Bongo, Paul Biya, Idriss Deby et le voisin Mobutu se sont maintenus à tout prix. Par ailleurs, aujourd’hui plus qu’en 1992, le président Sassou-N’Guesso est à la tête d’un parti politique uni et très fort, qui peut encore se maintenir au pouvoir, même en le perdant personnellement. Le PCT est le seul parti politique qui bénéficie d’un ancrage national au Congo. On y trouve une élite politique représentative à la fois de toutes les classes sociales, de toutes les générations dans le mélange des anciens et de la force montante, de toutes les régions du Congo, etc. À côté, ses alliés et les partis politiques de l’opposition surfent encore, lorsqu’ils ne s’embourbent pas, dans des logiques et des modes de mobilisations ethno-régionales : le MCDDI éprouve des difficultés à sortir au-delà de son Pool originel et l’Upads dans les trois pays du Niari, de la Bouenza et de la Lékoumou. Enfin, ses descendants, désormais politiquement aguerris, lui offrent le choix politiquement contestable, mais constitutionnellement viable, de la stratégie du legs « pater familias », s’il cherche une relative garantie de peser encore sur la vie politique congolaise. Je pense par exemple à Denis-Christel Sassou-N’Guesso dont le nom revient souvent dans les commentaires lus dans les réseaux sociaux. Il n’est pas exclu qu’il soit candidat. Et s’il l’est, c’est son droit. Il a gravi différents échelons politiques : il est membre du comité central du PCT, député et patron, très écouté par la jeune garde politique et intellectuelle congolaise. Il transcende les clivages socio-régionaux en travaillant avec les compétences issues de toutes les régions du Congo. Il est l’un des symboles du renouvellement de la classe politique et soutient différents réseaux de jeunes cadres congolais. Sa succession fondée sur les consultations électorales serait tout de même plus légitime que celles de fait de Kabila en RDC, de Bongo au Gabon ou de Gnassingbé au Togo. À suivre…
Edrich Tsotsa est docteur en sciences politiques, LAM/IEP de Bordeaux, chercheur associé au Cerdradi Edrich Tsotsa Edition:Édition Quotidienne (DB) |