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L’Ecole de peinture de Poto-Poto : 70 ans de créationLundi 28 Juin 2021 - 17:51 Pétrie de talents et abritant une collection picturale qui ne cesse de fasciner, l’Ecole de peinture de Poto-Poto célèbre ses 70 ans d’existence cette année. Le nom de la plus célèbre institution culturelle de Brazzaville n’est pas vraiment approprié, à bien voir. On parlerait d’une aberration de jugement, tant l’Ecole de peinture de Poto-Poto n’est pas localisée à Poto-Poto, mais à Moungali et elle ne serait pas davantage une école, plutôt qu’un atelier d’art, au regard des conditions de sa création et de la formation qui y est dispensée. Créée en 1951 par Pierre Lods, un ancien résistant français de la Deuxième Guerre mondiale, l’Ecole de peinture de Poto-Poto a initié des jeunes gens au respect du principe de la libre création. La méthode d’apprentissage consiste à mettre à leur disposition du papier, des pinceaux, et de la gouache sans orientations techniques particulières. Mais bien avant l’arrivée de ce féru de l’art, la peinture n’était nullement inconnue au Congo. La peinture, en tant que telle, est arrivée vers les années 1940. Les Européens qui débarquent au Congo ont apporté dans leurs bagages une autre approche picturale et de nouvelles techniques. Plusieurs jeunes tombent sous le charme de ce nouveau mode d'expression et se forment ainsi aux esthétiques académiques enseignées par les nouveaux venus. Ceux-ci vont assurer aux balbutiements de la peinture congolaise un essor considérable. Leur mérite aura été de donner le goût de l’art à de nombreux jeunes congolais et de les amener à s’y exercer progressivement. Les figures emblématiques de cette jeune peinture sont incontestablement Fylla, Kitsina, Malonga, Balou et Makoumbou, qui ont tôt ouvert des ateliers où ils peignent en professionnel. Ayant assimilé les techniques de l’art européen, ces épigones feront très vite parler d'eux. C'est l'apparition de la première génération de peintres congolais. Elle va s'approprier l'académisme européen qui, d'ailleurs, se répand rapidement dans tout le pays. Dépité par cette visite, il se tourne vers les jeunes congolais plus ou moins analphabètes et donc supposés moins corrompus par la civilisation moderne. En réalité, il est impressionné par la beauté et l'authenticité de la création africaine, par la richesse des œuvres artistiques des autochtones, particulièrement la beauté des masques, des tissus en raphia, des nattes et des peintures sur les parois des cases. Au-delà de son agacement Pierre Lods rumine certainement, au fond de lui, la crise subie par la sensibilité esthétique occidentale, qui est, en fin de compte, le détonateur de la promotion de l'art africain au rang d'Art, plutôt qu’objet de curiosité où la naïveté prime par-dessus tout. Il décide alors, n’appréciant guère cet académisme ambiant, de rechercher l'expression traditionnelle de l'homme noir au moyen de la couleur. Il crée un atelier et peint, surtout, des paysages de portraits. Au nombre des apprenants, formant ainsi la deuxième génération des peintres, on cite Iloki, Gotène, Bandzila, Zigoma, Okola, Mounkala, Ikonga, Ngolengo, Elenga, Ndinga et Owassa. Certains d'entre eux, vont émerger et faire parler d'eux en Europe comme d'ailleurs dans le monde, à savoir Ondongo, Owassa, Thango, Iloki, Ndinga et Gotène dont l’étendue de l’œuvre a été maintes fois célébrée. L'exposition des tableaux de ce dernier et de bien d’autres peintres et sculpteurs dans les locaux des Dépêches de Brazzaville, fait l'objet d'une curiosité et draine beaucoup de visiteurs. A soixante-dix ans d’âge, l’Ecole de peinture de Poto-Poto, malgré les difficultés qu’elle traverse, continue son aventure en traçant chaque jour ses sillons picturaux. Valentin Oko Edition:Édition Quotidienne (DB) Notification:Non |