Opinion
- Éditorial - Les Dépêches de Brazzaville
- Réflexion - Jean-Paul Pigasse
- Le fait du jour - Gankama N'Siah
- Humeur - Faustin Akono
- Chronique - Boris Kharl Ebaka
- Brin d’histoire - Mfumu
- Tribune libre - Sergueï Lavrov
- Idées-forces - Les Dépêches de Brazzaville
- Analyse - Xinhua
Quand dire peu et bien vaut mieux que parler beaucoup…Vendredi 2 Août 2013 - 14:32 Il est devenu courant pour certains, dans de nombreuses réunions à caractère administratif local ou national, de prendre longuement la parole pour ne dire que peu de choses, voire rien du tout. Ne parlons pas des rencontres internationales, ultimes occasions où il faut défendre des perspectives sociétales aux yeux d’autres pays, car ces moments sont essentiels pour bien et beaucoup dire. Ceux qui s’avancent en locuteurs étendus et agressifs lors des rencontres administratives et des réunions locales ou nationales sont à craindre. Ils disent tout et rien, poussant même l’auditoire à l’inattention ou à un sommeil forcé. Pour s’en rendre compte, il suffit de poser quelques questions aux participants de ces réunions. Réponse : « Il a beaucoup parlé pour ne rien dire. L’essentiel se trouve dans sa dernière phrase. » La sagesse populaire enseigne que l’on doit parler peu et bien, car la même bouche qui nous sauve peut aussi nous trahir à travers des déclarations étendues et confuses. Et plus on est loquace, plus on sort facilement de l’ordre du jour de la réunion et là s’installent les digressions. Cela étant, la convivialité démesurée des réunions politiques ou administratives, les ambiances vaines peuvent pousser certains à dévoiler des secrets de leurs administrations ou corporations. Et après, ce ne sont que regrets et consternation d’avoir trahi l’entité. Comment comprendre que certains responsables de partis politiques, d’ONG, d’associations, d’administrations et services veulent toujours tout dire lorsqu’il s’agit d’affaires sérieuses qui engagent l’entité dans une certaine mesure. Qu’on le veuille ou non, chaque service ou corporation a une charpente secrète faite d’informations qui ne sont pas à divulguer. Et le faire, c’est avoir « une bouche qui suinte », et cela peut être préjudiciable à la corporation. En clair, le beaucoup parler pousse certains politiciens à créer de l’amalgame et des confusions. Et même si l’un des principes élémentaires de la démocratie est le libre-parler, ce libre-parler doit être accompagné d’autocensure. Aucune organisation sociétale n’est épargnée de ces grands bavards et « bruiteurs ». On les voit dans les finances, même si les finances demandent qu’on parle peu, dans la politique même si le propre de la politique exige une certaine prudence dans le parler, dans les associations même si certains textes des associations interdisent les longs bruits, dans l’immigration même si le propre de ces services exige le parler-moins, dans la presse même si dans ce domaine le traitement de l’information écarte le long discours fait de prénotions inutiles, et dans bien d’autres domaines. Sauf illusion de notre part, il y a dans la vie bien des choses que l’on ne peut dévoiler au grand public, car plus on a la bouche ouverte, plus les autres se méfient de vous et l’on devient dangereux et nuisible pour les autres. Oui, des foyers conjugaux se sont disloqués à cause de la bouche très ouverte de l’un des époux. Oui, des administrations entières ont volé en éclats à cause de la non-discrétion de certains. Oui, de nombreux partis politiques et services connaissent des ennuis certains à cause de l’imprudence dans le parler de ses membres. Alors, pourquoi parler beaucoup, si l’on sait bien que l’on va dire peu de choses ? Tenez, il n’est pas mauvais qu’un chef politique ou administratif amuse ses collaborateurs, mais cet amusement demande une certaine prudence dans le parler, au risque de créer des fissures dans la fonction que l’on assume. En réalité, un long bruit peut pousser à des contradictions. Soyons donc prudents et concis dans notre parler si les circonstances le demandent. Faustin Akono Edition:Édition Quotidienne (DB) |