Sa ngolo

Sa ngolo (« fais l’effort ! » ou « pousse ! »). Ce quartier de Brazzaville doit son nom aux travaux de construction du barrage du Djoué. Il jouxte la cité du même nom, petit ensemble moderne de 120 coquettes villas destinées au logement des expatriés et des travailleurs congolais.

Le Djoué coule en contrebas, avec un débit moyen de 200 mètres cubes par seconde, le minimum étant de 120 et le maximum de 400. C’est cette rivière qui a été aménagée pour la construction du barrage du Djoué. C’est ainsi que toute la vallée a été coupée par une énorme masse de béton haute de dix mètres et longue de 185 mètres. L’eau ainsi captée passe par un tunnel de 825 mètres de longueur, creusé sous la colline de la cité pour aboutir aux deux groupes qui peuvent produire 15 000 kWh. Un travail énorme, un dur labeur et beaucoup d’efforts. C’est assurément la preuve de la volonté prométhéenne des inspirateurs de ce projet. Le Djoué est le premier des travaux hydroélectriques en AEF (Afrique équatoriale française).

Des travaux gigantesques, pour lesquels 1 300 tonnes de ciment, 800 tonnes de fer et 18 000 tonnes de matériaux divers sont nécessaires, durent des années. Au moment où le chantier tourne à plein, 200 Européens et 1 200 Africains y sont employés. M. Jacquinot, ministre de la France d’outre-mer, inaugure le barrage du Djoué le 2 février 1954. Outre Brazzaville, le barrage du Djoué doit fournir de l’électricité à la ville voisine de Léopoldville (actuelle Kinshasa). À l’époque, la consommation de la capitale congolaise est de 2 000 kW.

En 1954, Brazzaville intramuros compte quatre quartiers : Bacongo, La Plaine, Mpila et Poto-Poto. Très peu de maisons disposent du courant électrique. D’où l’espoir des autorités de l’époque de voir des industries s’installer dans la capitale de l’AEF pour stimuler son économie. Pendant des décennies, le Djoué, comme on l’appelle, alimente Brazzaville. Mais l’expansion de la ville, en dehors de toute maîtrise urbaine, a contraint la Société nationale d’énergie, la SNE née des cendres de l’Unelco, l’opératrice historique de ce secteur, à trouver des solutions complémentaires pour l’alimentation de Brazzaville et de ses environs. Le recours à Inga, via la Société nationale d’électricité (Snel) du Zaïre (RD-Congo), permet pendant de nombreuses années de suppléer à l’insuffisance de l’offre d’électricité. Le boulevard énergétique, en cours de construction, dont certains chaînons sont opérationnels comme Moukoukoulou ou Imboulou, résoudra sans doute le déficit actuel en matière de fourniture d’électricité. La réactivation du projet de Sounda est, de ce point de vue, une perspective intéressante.

Le site de Sounda est découvert en 1887-88 par un Français, l’ingénieur hydrographe Jacob, au cours des recherches de l’itinéraire de la voie ferrée qui reliera la côte à Brazzaville. En 1927, ce même site retient l’attention de la mission Darnault chargée d’inventorier les richesses hydroélectriques de l’AEF. En 1952, à la demande du territoire du Moyen-Congo, un avant-projet d’ouvrage hydroélectrique est établi pour les besoins éventuels de Pointe-Noire. En 1954, à la suite de cet avant-projet, l’EDF (Électricité de France) décide d’entreprendre l’étude d’un barrage. En 1957, des études de détail sont poursuivies pour répondre aux divers impératifs ; elles sont terminées en 1960. La route Pointe-Noire-Sounda est réalisée. Le premier coup de pioche du barrage de Sounda est donné en 1961. Mais les travaux sont arrêtés. La réalisation de ce barrage représente 7 milliards de kWh. Sous le président Lissouba (1992-1997), le projet a été sous-dimensionné à 1 200 milliards de kWh.

Sangolo, le bien nommé petit hameau, accroché au flanc de Brazzaville en amont du barrage du Djoué, est désormais une grande cité, en perpétuelle expansion. Il fait partie du premier arrondissement, Makélékélé.