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UA, bouge-toi!

Lundi 10 Juin 2024 - 17:30

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L’exhortation est de William Ruto, le président kényan, héritier à la suite de son homologue rwandais, Paul Kagamé, de l’ambitieux dossier sur la réforme des institutions de l’Union africaine (UA). S’exprimant le 29 mai, à Nairobi, à l’ouverture des assemblées annuelles de la Banque africaine de développement, le nouveau « champion » de la « cause » africaine se déclarait convaincu que le continent a encore un long chemin à parcourir pour prendre réellement son indépendance vis-à-vis de l’extérieur.

Dans cette perspective qu’il veut « révolutionnaire », l’UA est concernée en premier, car de sa modernisation dépendront les résultats attendus par les pays membres. Le chef de l’Etat kényan propose notamment que la Commission de l’organisation prenne plus de poids et s’octroie la légitimité nécessaire pour mettre en œuvre les recommandations prises à l’occasion des différents sommets des dirigeants africains. 

Autre axe de travail, la réduction des effectifs du Parlement panafricain. Composé actuellement de 275 membres, il reste une machine lourde à l’instar d’autres instances de l’organisation en termes de dépenses. A ce jour, ce Parlement n’a pas le pouvoir d’approuver le budget de l’UA. William Ruto estime qu’une centaine de membres, à raison d’une participation de deux représentants dont un homme et une femme par pays, serait plus raisonnable.

Une fois cette réforme introduite, l'Assemblée devra siéger de façon permanente car les défis auxquels l’Afrique est confrontée sur le plan législatif sont nombreux. L’un d’eux concerne la justice internationale braquée sur les seuls « coupables » africains, quand bien même les crimes présumés visant la violation des droits humains sont répertoriés sur les cinq continents. « Nous ne voulons pas que les Africains soient traduits en justice ailleurs », a martelé le président kényan, appelant de ses vœux à l’opérationnalisation de la Cour de justice de l’UA.

Les questions sécuritaires ne sont pas en reste, d’autant plus qu’elles constituent l’un des écueils quasi insurmontables sur le continent. Presque toutes les régions sont affectées par d’importants foyers de tension et impactées par leurs effets induits : ils retardent le développement de l’Afrique, contraignent la population à l’errance à côté des nombreuses vies fauchées et de la détérioration des relations entre les Etats du fait des mouvements terroristes transfrontaliers. L’Afrique ne peut prospérer qu’en étant capable d’assurer sa propre sécurité.

Comme dans toutes les entreprises de toilettage de l’existant, la réforme des institutions de l’UA doit passer de la théorie à la pratique. En 2016, les chefs d’Etat s’étaient engagés sur cette voie, et le chantier a besoin d’une nouvelle dynamique incluant la volonté de réellement avancer. Il s’agit à présent de mobiliser les moyens financiers nécessaires, de mettre les institutions entre les mains des hommes et des femmes déterminés à placer l’Afrique au cœur des enjeux mondiaux de développement et de partage dont profitera assurément l’ensemble de la communauté mondiale.  

Gankama N'Siah

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