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Samedi 15 Juin 2024 - 17:56

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Les arcanes traditionnels du champ politique français, où l’on distinguait schématiquement une « gauche » et une « droite » flanquées chacune de nombreuses excroissances, avec un « centre » incapable de les départager, ont été chamboulés il y a quelques années. En particulier à partir de 2007, quand le président Nicolas Sarkozy, élu de droite, coopta dans son gouvernement quelques ténors de la gauche pour l’accompagner dans son exercice du pouvoir.

La nomination la plus emblématique fut celle de Bernard Kouchner, du parti socialiste, à la tête de l’important ministère chargé de l'Europe et des Affaires étrangères entre 2007 et 2010. L’ancien chef de l’Etat français voulait-il réaliser une sorte de grande union nationale en brisant le cloisonnement partisan habituel expérimenté dans son pays depuis toujours ou poursuivait-il l’objectif d’émietter le front socialiste au profit de son bord politique dans l’espoir de durer en politique ? Il est difficile de trancher.

Ce renversement des habitudes n’aura pas profité à Nicolas Sarkozy puisque les forces de gauche ne l’ont pas suivi lorsqu’il a sollicité un nouveau mandat en 2012, et celles de droite, sa propre base, ne lui ont pas davantage apporté le soutien nécessaire pour peser dans le scrutin. Il fut battu au second tour de la présidentielle par François Hollande du Parti socialiste, et sa seconde tentative de se relancer en 2017, après avoir quitté la tête des Républicains, son parti, a tourné court. Pour de bon ?

Ce qui est sûr, à partir du moment où un cacique de la gauche a pu entrer dans le gouvernement d’un président de droite et y résider trois longues années (le cas évidemment de Kouchner), cette rivalité de fait gauche-droite était presque définitivement cassée. Bien sûr, elle n’était pas aussi rigide qu’on pourrait le croire puisqu’en France, ces deux camps ont beau se tirailler, ils se rejoignent amicalement quand il est question, jurent leurs responsables, de barrer la route à l’ennemi commun, hier le Front national de Jean-Marie Le Pen, aujourd’hui le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen.

A son arrivée au pouvoir à la surprise générale en 2017, le président Emmanuel Macron a réuni lui aussi des hommes et des femmes de plusieurs courants politiques français. Sa longue marche, toujours en cours, connaît bien de contrariétés comme l’a montré le faiblissement de ses soutiens lors de sa réélection, il y a deux ans. Il a été symbolisé par la perte de la majorité absolue à l’Assemblée nationale, dissoute à la suite du revers subi par la liste de Renaissance aux européennes, il y a quelques jours.

Le 30 juin, et le 7 juillet, les Français sont appelés aux urnes pour élire les nouveaux députés. Le principal enjeu de ce scrutin national organisé sur la base des résultats d’une élection supranationale, les observateurs le disent, est de clarifier le jeu politique dans le pays, à trois ans de la prochaine présidentielle à laquelle (la Constitution en France stipule que nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs) Emmanuel Macron ne sera pas candidat. Cela ne veut pas dire que le locataire de l’Elysée ne souhaite pas reprendre la main pour poursuivre son action avec une légitimité parlementaire sortie des urnes.

En revanche, l’écrasante victoire du RN aux européennes (plus de 30% des voix contre un peu plus de 14% au camp présidentiel) pose la question de savoir si la gauche et la droite, avec toutes leurs pluralités « républicaines », ne vont pas refaire le coup des années antérieures : enterrer leurs querelles partisanes et se serrer les coudes dans le seul but de poser un gros obstacle à une seconde possible victoire sans appel de Marine Le Pen et de Jordan Bardella. Les deux dirigeants du RN rêvent, en effet, de franchir les portes de Matignon, avec dans le viseur l’Elysée en 2027.

Dans ce choix donné aux Français de décider du sort de leur pays ici et maintenant, rien n’est joué car il paraît risqué d’évoquer un horizon totalement dégagé. Qui des électeurs et des dirigeants auront le dernier mot ? Observons !

Gankama N'Siah

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