Exemplaire

Il est essentiel que le procès qui s’ouvre ce mardi 6 août 2013 à Brazzaville soit exemplaire. Exemplaire, c’est-à-dire juste, équilibré, irréprochable tant du point de vue de l’accusation que du point de vue de la défense, et qu’à son issue, lorsque justice sera rendue, nul ne puisse s’en prendre aux juges ni aux jurés qui l’auront incarnée. Au-delà même du drame qui a provoqué ce procès, il importe en effet au plus haut point que le peuple congolais constate de visu que la justice de son pays est libre, sereine, dépassionnée, respectueuse de la loi et des institutions qui fondent sa démocratie.

L’exercice, n’en doutons pas, sera difficile. Car l’ampleur du drame qui a frappé le 4 mars 2012 les quartiers de MPila et Ouenzé, en plein cœur de Brazzaville, causant la mort de 283 personnes, en blessant des milliers d’autres, ravageant des centaines de maisons, détruisant des écoles, des salles de sport, des lieux de culte et plongeant de très nombreuses familles dans l’affliction, l’ampleur donc de la tragédie fut telle qu’elle demeurera à jamais inscrite en lettres de sang dans l’histoire de notre pays.

Mais nous le savons bien, nous qui avons subi trois guerres civiles et qui avons su malgré tout refaire notre unité au terme de ces longues et terribles épreuves, c’est en regardant la vérité en face qu’un peuple se reconstruit. En accordant aussi du temps au temps afin que la vérité se fasse jour et que le travail de deuil s’accomplisse dans la paix retrouvée. En pardonnant, enfin, le moment venu, à ceux et à celles qui se rendirent coupables des actes ayant provoqué directement ou indirectement le drame.

Alors que s’ouvre au palais de justice de Brazzaville le procès du 4 mars, gardons présentes à l’esprit ces vérités car, demain, c’est elles qui s’imposeront et permettront à notre nation de poursuivre sa marche en avant. La vérité enfin reconnue et proclamée par la justice, la vie reprendra son cours normal, les blessures se refermeront l’une après l’autre, le devoir de mémoire l’emportera sur le désir de vengeance, bref la raison s’imposera à chacun.

Telle est la vertu majeure de l’État de droit qui nous gouverne aujourd’hui !