Médicaments pris par le père : quels risques pour l’enfant à naître ?Samedi 26 Octobre 2024 - 17:45 Le Centre de référence sur les agents tératogènes (Crat) est la structure spécialisée en matière d’information sur les médicaments pris avant et pendant la grossesse. Outre les éventuels effets toxiques chez la femme enceinte, l’attention se porte de plus en plus sur les risques des médicaments prescrits chez le futur père sur sa fertilité, le fœtus et le neurodéveloppement de son enfant. Le Crat est une structure publique indépendante de l’industrie pharmaceutique. Elle est financée par l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris et l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Sa mission : informer les professionnels de santé sur les effets tératogènes de certains médicaments, vaccins et les addictions, pendant la grossesse – que l’exposition soit maternelle et/ou paternelle – et l’allaitement. Son site internet est ouvert au public. Pour précision, un effet tératogène désigne la capacité d’une substance à provoquer des malformations ou des anomalies dans le développement d’un fœtus pendant la grossesse. La consommation médicamenteuse chez le futur père, une préoccupation grandissante La prise de médicaments par le futur père est devenue une préoccupation croissante : elle représentait 10 % des questions posées aux experts du Crat en 2023, contre 3 % en 2013. Les risques liés aux traitements chez l’homme incluent des perturbations de la sexualité (troubles de l’érection, de l’éjaculation et de la libido) et une altération de la fertilité. Un impact sur la descendance peut exister, notamment en raison du passage potentiel de substances par voie vaginale, avec des risques de toxicité au niveau des gènes (génotoxicité). Certaines molécules peuvent être mutagènes, c’est-à-dire induire des mutations génétiques. Elles peuvent éventuellement être clastogènes, lorsqu’elles augmentent les risques de cassures chromosomiques et d’altérations de l’ADN. La tératogénicité, ainsi qu’un retard de croissance intra-utérin, ou une prématurité, sont aussi surveillés, tout comme les troubles du neurodéveloppement chez l’enfant. Un tiers des hommes exposé à un médicament 6 mois avant la conception Une étude américaine a relevé qu’entre 2011 et 2020, un tiers des pères a reçu un traitement dans les trois à six mois avant de concevoir un enfant : 8,6 % l’étaient aux psychotropes, 7,2 % aux antibiotiques, 6,8 % aux analgésiques et 5,6 % aux antihypertenseurs. De nombreuses classes thérapeutiques ont été examinées en détail par les experts du Crat, et globalement, la prise de médicaments par le père avant ou pendant la grossesse ne semble pas poser de problèmes particulièrement préoccupants.
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