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Le vrai visage des tuteurs d'aujourd’hui

Vendredi 23 Août 2013 - 13:45

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Si hier il était facile pour des nièces, neveux, cousins, petits-frères, petites-sœurs et autres d’être à la charge de leurs oncles, tantes, frères aînés, grands-parents et autres, aujourd’hui cette élasticité familiale tend à se rétrécir. Le constat populaire est que les tuteurs créent de la discrimination sur beaucoup de plans entre leurs propres enfants et ceux qu'ils ont à charge.

Nombreuses sont les plaintes et les lamentations d’une frange de jeunes d’un certain âge qui regrettent d’avoir été mal encadrés et mal éduqués par leurs tuteurs. Et, disent-ils, c’est de l’injustice sociale, car ne vont dans de bons instituts, écoles, universités et facultés que les propres enfants des tuteurs, ceux à charge vont dans les écoles de quartier. À dire vrai, il ne suffit pas d’accepter la charge de neveux, nièces, petits-frères, cousins et autres et leur donner leur pain quotidien, encore faut-il aller au-delà des exigences du ventre et tracer pour eux des pistes de réussite.

Comment comprendre que seuls les enfants du tuteur bénéficient d’une oreille attentive, alors que dans le ménage il y a bel et bien d’autres enfants. Pire, ces enfants à charge dans certains ménages sont laissés pour compte. Les jeunes filles, c’est-à-dire nièces, cousines, petites sœurs doivent avant tout repas le valider par un travail parfois dur qui le précède, comme l’entretien de toute la maison et de la cour, s’occuper de la lessive et de la vaisselle, se rendre au marché pour des achats divers et d’autres courses. Et les voisins qui sont témoins de cette attitude blâmable de certains tuteurs crient au scandale, mais n’osent pas ouvrir la bouche, car le ménage ne leur appartient pas. Les tuteurs qui se comportent de la sorte ne savent pas qu’ils créent chez ces enfants à charge l’esprit de persévérance, d’endurance, de combativité et de savoir « chercher la vie ». Alors que chez leurs propres enfants naissent la fainéantise, la nonchalance et la paresse, bref c’est une éducation au sens social ratée, car à ces enfants lorsqu’ils s’éloignent de leurs parents il est souvent posé la question : « De quelle famille sortez-vous ? »

Les tuteurs d’aujourd’hui doivent revoir leur attitude vis-à-vis des enfants à charge. Surtout lorsqu’arrivent les fêtes de fin d’année, par exemple. Il est gênant de voir que des enfants à charge ne reçoivent ni nouveaux habits, ni jouets, ni cadeaux d'aucune sorte. C'est de cette façon que naît la frustration. Il s’agit de la part de ces tuteurs d’une solidarité parentale trompeuse, la charge n’est que « faciale ». Certains enfants que l'on dit de la rue, lorsqu’ils sont interrogés évoquent le comportement soit de l’épouse de leur oncle, soit de l’époux de leur tante, soit de la femme de leur grand-frère, soit de leur marâtre qui fait qu’ils fréquentent plus volontiers la rue.

L’une des célèbres chansons d’un artiste-musicien congolais condamne cette façon de faire des vrais-faux tuteurs, qui ne se rendent pas compte qu’ils négligent les enfants à leur charge plus que leurs propres enfants. Comment comprendre que nombre de ceux qui réussissent dans un ménage sont les enfants du tuteur ? Ces tuteurs n’ont pas honte de l’affirmer devant les gens. Et à la question de savoir pourquoi neveux, nièces et cousins à charge n’ont  pas réussi comme leurs propres enfants, la réponse est simpliste, teintée d’injustice : « Parce qu’ils n’ont pas voulu prendre leurs études au sérieux. » Comment prendre les études au sérieux lorsqu’on n’est pas bien suivi ? Certains tuteurs ne prennent pas la peine de regarder les cahiers des enfants à charge et ne se présentent à aucune réunion programmée par l’établissement scolaire dans lequel est inscrit l’enfant. Est-ce que c’est cela être à charge ?

Cette fameuse élasticité parentale est en train de perdre de sa valeur puisque plus on refoule ou on ne prend pas soin des enfants de ses proches, plus naissent les divisions familiales. « Ah ! Si ces enfants avaient vécu sous mon propre toit, ils auraient réussi », déclarent avec indignation certains parents qui regrettent le comportement affiché par leurs cousins et autres vis-à-vis des enfants à charge.

Faustin Akono

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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