Opinion

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Double faute

Dimanche 30 Novembre 2014 - 16:44

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En s’ingérant comme il le fait dans les débats intérieurs des pays africains, le Président François Hollande commet une double erreur dont les conséquences risquent de s’avérer dramatiques pour la France : d’une part, il montre l’extrême faiblesse, pour ne pas dire la vacuité, des informations qui remontent vers lui et sont, apparemment en tout cas, à l’origine des jugements qu’il porte sur la gouvernance des pays africains ; d’autre part, il confirme que les préjugés issus de la période coloniale sont tout aussi présents dans son raisonnement que dans celui exprimé par son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, à travers le calamiteux discours de Dakar en 2007.

Visant des pays comme le nôtre, sans oser le dire ouvertement, le chef de l’État français s’est permis, samedi, devant le parterre des chefs d’État francophones réunis à Dakar, d’exprimer l’idée saugrenue selon laquelle on ne doit en aucun cas changer ou modifier la Constitution qui régit les nations africaines. Un propos qui a permis aux journalistes des médias publics français – au premier rang desquels figure bien évidemment Radio France Internationale dont on connaît l’objectivité  –  de discourir à perte de vue sur l’atteinte que porteraient de telles modifications à notre jeune démocratie et de condamner une nouvelle fois, sans la moindre preuve, le régime politique qui nous a permis de nous relever au lendemain des guerres civiles de 1997-1998.

Comme on pouvait s’y attendre, la double faute commise par le Président français n’a pas été relevée par ces mêmes médias. Elle est d’autant plus grave que la question en débat actuellement au Congo ne porte ni sur le nombre, ni sur la durée des mandats présidentiels, mais sur l’adaptation des institutions de la République aux réalités de ce temps. Elle prouve que l’Élysée est mal informé et, ce qui apparaît beaucoup plus grave, demeure aveugle et sourd aux réalités africaines présentes.

Alors que la France se débat dans des problèmes internes, chaque jour plus graves, que son pouvoir au sein de la Communauté européenne se réduit inexorablement, que son influence s’effrite au plan international, prendre le risque de rompre les liens qui l’unissent encore aux pays africains s’apparente à un suicide. En a-t-on conscience à Paris ?

 

 

Les Dépêches de Brazzaville

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