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Vendredi 6 Septembre 2013 - 9:30

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Il fallait s’y attendre, mais cette fois nous y sommes. En laissant la justice de leur pays s’en prendre de façon aussi illégale qu’absurde aux dirigeants congolais et à leurs familles, les autorités françaises ont ouvert une boîte de Pandore qu’elles auront bien du mal à refermer. Si, en effet, la colère gronde à Brazzaville contre la France au point de provoquer des manifestations de rue, c’est  parce que les attaques menées contre le Congo sont désormais perçues ici  – à juste titre, selon nous – comme l’expression d’un néocolonialisme insupportable qui ne dit pas son nom.

Menées en sous-main par les mêmes forces obscures qui tentent de déstabiliser l’Afrique centrale afin d’en exploiter plus commodément les immenses richesses, ces agressions sont rendues possibles par l’inattention et la faiblesse de l’exécutif français. Celui-ci, ne sachant comment faire respecter l’État de droit par des juges qui s’octroient tous les pouvoirs au mépris des grands principes de la démocratie, se réfugie dans une abstention peureuse qui autorise toutes les déviances. Il détruit ainsi le climat de confiance que la France avait su instaurer avec ses anciennes colonies au lendemain des indépendances.

L’affaire n’est pas seulement grave sur le plan des relations bilatérales. Elle met aussi en question la capacité de la France à aider au rétablissement de la paix et de la sécurité en Centrafrique ; cela au moment même où le président de la République française, prenant enfin conscience de la gravité de la situation dans la région, affirme haut et fort son intention d’intervenir au côté des gouvernements qui s’efforcent de ramener la paix. En laissant attaquer le Congo, François Hollande réduit fortement la crédibilité de son pays dans la gestion de cette crise : non seulement il rend son discours inaudible, mais encore il élargit le fossé qui se creuse entre la France et l’Afrique.

C’est ce que les manifestations prévues dans les prochains jours à Brazzaville et ailleurs lui rappelleront avec force, au moment même où il prétend engager son pays dans l’aventure sans issue que constituerait une attaque contre la Syrie. Soutenir le Congo dans son action en faveur de paix en Afrique centrale et mettre fin une fois pour toutes aux attaques dont ses dirigeants sont l’objet est aujourd’hui la seule politique raisonnable pour la France.

Les Dépêches de Brazzaville

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Édition Quotidienne (DB)

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