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Quand la société a plus de cadres que de sages !

Samedi 7 Mars 2015 - 16:30

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Oui, les cadres ressortissants de telle ou telle localité se sont retrouvés dans la salle de réunion de la structure X pour débattre des questions du développement socio-économique de leur localité. Une très bonne initiative certes mais qui  devient confuse lorsqu’au lieu de parler des questions liées à l’essor socio-économique, ces cadres versent dans d’autres débats. D’où la nécessité d’avoir de vrais sages. Un sage : c’est cet homme qui ne réunit pas les autres pour leur demander d’aller casser. Un sage, ajoutons-le sans hésitation, doit tirer les leçons du passé surtout si ce passé est amer. Un sage ne se livre jamais au désordre. D’où la nécessité pour un pays d’avoir autant de sages que de cadres.

Nous voulons à travers cette exclamation susciter un débat autour de ce vocable, car le constat est que trop de gens s’auto-proclament « sages ». Loin de nous l’idée de faire ce que feront les philosophes : chercher à tout prix à cerner tous les contours du vocable « sage », nous nous efforcerons de donner sa connotation salutaire pour tous. Un « sage » est un homme qui a suffisamment d’expérience, un savoir et de bon sens et qui sait « comment bien agir en toutes circonstances ». Être sage ne renvoie pas systématiquement au fait d’être titulaire d’une suite illimitée de « diplômes », mais plutôt à la dimension « pratique » sur le terrain, au sein de la communauté. En Afrique, cela est connu de ceux qui ont passé un peu de temps dans les villages, les sages étaient souvent sollicités pour la résolution des différends de diverses natures. C’est là l’une des marques importantes d’un sage. Conciliateurs ils l’étaient sans oublier leur entregent.

Mais il y a quand même des choses qui poussent à s’interroger, car trop de confusions naissent entre le sage et le cadre. Le commun des mortels dans la plupart du temps crée un quiproquo et cela est bien visible dans nos quartiers. Tenez ! Lorsqu’il est programmé une rencontre des sages ressortissants de telle ou telle localité, on constate une bousculade de tous ceux qui ont le BAC, ont séjourné sur les campus universitaires ou visité les amphis, ceux-là qui ont obtenu la Licence, etc. Surtout tous ceux à qui s’adjugent le titre de « docteur » ! Tous s’auto-proclament « sages ». Pire encore, ils refoulent ceux qui ont des diplômes inférieurs au baccalauréat comme si le cadre moyen n’existe pas. Et la grande confusion est là. On est cadre et on devient automatiquement sage.

On sait qu’un titulaire de doctorat qui crée un parti aux allures ethnocentriques est loin d’être sage.

Ce qui est vrai, cette transformation, facile et rapide, des réunions des « cadres » en retrouvailles de « sages ». En réalité, lorsqu’il est question de parler de sage, on devrait s’arrêter un tout petit peu car la signification de ce mot appelle à plusieurs vertus. N’est pas sage qui le veut, mais c’est la manière de vivre, d’être qui confèrent ce statut. Et là encore ! Un sage a ce quelque chose qui se dégage de lui et qui le rend différent des autres. Ni trop instruit, ni religieux, ni politique, même s’il peut être tout cela et autre. Bref, passions, émotions et subjectivités lui sont étrangères.

Pour revenir aux cadres, ceux-ci ne s’arrêtent pas à cette confusion et ils vont jusqu’à se dire des « notables de telle ou telle contrée ». Or la notabilité est un domaine réservé aux seuls initiés. Les sages et les notables ont des missions salutaires, constantes et non émotionnelles tandis que des cadres sont plus guidés par leur référence académique or la logique des « gros diplômes universitaires » n’est toujours pas celle du terrain social là où le sage parvient facilement. Cessons donc de considérer tous les cadres comme des sages.

Faustin Akono

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Édition Quotidienne (DB)

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