La vérité, enfin !

La cour royale de Mbé vient donc d’infliger un désaveu cinglant, d’une part à la Cour d’appel de Paris qui prétendait imposer le rapatriement en France des restes mortels de Pierre Savorgnan de Brazza, d’autre part aux lointains parents de l’explorateur qui manipulaient la justice française on ne sait au juste dans quel but. Non seulement elle a décidé de mettre les points sur les « i » en rappelant son identité de vues avec les autorités congolaises et en dénonçant le jugement rendu à Paris, mais encore elle plaide avec force une nouvelle fois pour «le rapprochement des cultures chères à nos civilisations ».

Un tel geste, dira-t-on, est parfaitement logique puisque le retour à Brazzaville des cendres de Pierre Savorgnan de Brazza, de sa femme et de ses enfants fut organisé en liaison étroite avec feu le Makoko Gaston Ngouayoulou et la Cour de Mbé. Il est remarquable, cependant, car il réaffirme l’attachement des Congolais  à une décision historique qui n’a aucun équivalent dans le monde puisqu’elle rend hommage à un homme venu de la lointaine Europe pour coloniser leur pays. 

Pour ceux qui ont vécu comme nous heure par heure, jour après jour, cette magnifique aventure et que choquait profondément l’agression menée par les forces obscures à la manœuvre contre notre pays la déclaration signée par la Reine Ngalifourou au nom du Roi Auguste Nguempio referme la blessure ouverte par la brutalité, la grossièreté des attaques conduites depuis la France. Elle rappelle que dans cette affaire c’est la nation congolaise toute entière qui a voulu le retour des cendres de Pierre Savorgnan de Brazza à Brazzaville et qui a fait du Mémorial élevé à sa mémoire l’un des lieux les plus vivants de sa capitale.

Il ne reste plus maintenant aux juges français qu’à reconnaître publiquement le mal fondé de leur décision, l’inanité des termes employés pour justifier le jugement aberrant rendu le 14 septembre. Le feront-ils ? C’est peu probable étant donné la pesanteur d’une machine à dire le droit qui vient de montrer ses limites mais qui n’aime guère reconnaître ses erreurs. Aussi convient-il d’espérer que le Congo ira jusqu’au bout de la logique judiciaire et fera casser le jugement très colonial rendu par la Cour d’appel de Paris.