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Sur les mutations de l’Oncle Sam

Lundi 21 Octobre 2013 - 0:30

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Les États-Unis, qui avaient accumulé les erreurs sous la présidence de George W. Bush au point de faire douter le monde entier de leur capacité à gérer les crises, sont probablement en train de tourner l’une des pages les moins glorieuses de leur histoire. Et cela grâce au premier président issu d’une minorité que la ségrégation raciale avait longtemps confinée dans le pire des esclavages.

Barack Obama vient, en effet, de réussir coup sur coup quatre opérations qui redonneront à l’Oncle Sam les marges de manœuvre internationales que les actions insensées de son prédécesseur avaient dangereusement réduites.

Première opération, la plus importante sans doute aux yeux du peuple américain : l’adoption d’une législation sociale plus humaine, plus conforme aux aspirations des citoyens, plus juste aussi. En ne cédant pas aux exigences d’une minorité républicaine, le « tea party », aussi agressive que décalée par rapport au temps présent, le président démocrate a démontré qu’il avait la volonté et la force politique nécessaires pour instaurer les réformes intérieures que les conditions de vie moderne rendent indispensables.

Simultanément, il a épargné à son pays la cessation de paiement qui aurait plongé l’économie américaine dans le gouffre et, fait plus grave encore, qui aurait purement et simplement détruit le dollar. Il a épargné à l’ensemble de la communauté internationale une crise sans précédent. Mais il a aussi prouvé que l’on peut gérer la première puissance mondiale sans pour autant céder aux démons de la démagogie et sans surestimer ses capacités d’action dans un monde en voie de rééquilibrage que ne dominent plus les États-Unis.

Troisième opération à porter à l’actif de Barak Obama : sa volte-face dans l’affaire syrienne qui a été perçue par nombre de ses compatriotes comme un aveu de faiblesse, mais qui a démontré en réalité sa maîtrise de l’instrument suprême du pouvoir que constitue la force militaire. Mal conseillé et sans doute trop occupé par la crise financière qui se profilait à l’horizon pour prendre le recul nécessaire, le président des États-Unis avait opté pour une gesticulation stérile. En y renonçant, il a fait preuve d’une grande sagesse.

Quatrième opération, enfin, dont l’Histoire lui saura gré : il n’a pas cédé aux pressions du lobby pro-israélien qui l’entoure et a engagé enfin un dialogue constructif avec l’Iran. Sur ce dernier point, rien, sans doute, n’est encore joué et le pire, c’est-à-dire un conflit ouvert entre Tel-Aviv et Téhéran, peut encore se produire. Mais l’intelligence, le savoir-faire, la maîtrise de soi dont Barack Obama a fait preuve dans les trois opérations précédemment citées laissent bien augurer de la suite sur ce terrain semé de chausse-trapes.

Il reste à espérer que le locataire de la Maison-Blanche ira jusqu’au bout de la logique humaniste qui est la sienne et prendra conscience de l’importance que la gestion des crises sur le continent africain a aujourd’hui, et aura plus encore demain, pour le maintien de la paix mondiale. Issu de ce continent en pleine émergence, il est mieux à même que quiconque de mesurer l’ampleur de l’enjeu et, par conséquent, d’amener son pays à aider l’Afrique de façon plus efficace.

Attendons et voyons si ce pas-là sera franchi par les États-Unis avant la fin du deuxième et dernier mandat de Barack Obama.

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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