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Le devoir d’inventaire

Vendredi 25 Octobre 2013 - 0:09

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Le temps fait vaciller la mémoire. Le temps corrompt la mémoire. Nous attendions à l’occasion du 15 octobre un devoir d’inventaire, nous n’avons eu droit qu’au droit d’inventaire à l’occasion de la rentrée politique des partis de l’échiquier politique congolais. Le droit d’inventaire appelle le devoir d’inventaire, qui ne saurait être assimilé à un acte de contrition mais à un examen rigoureux de l’action politique passée et présente pour tracer une perspective alternative, surtout pour l’opposition. Tant que la politique sera menée sans exigence morale, nous aurons du mal à changer notre praxis collective.

Le temps fait vaciller la mémoire. Le temps corrompt la mémoire. Le 15 octobre 1997 devrait être canonisé parce qu’il marque la fin d’un cauchemar qui a obéré dangereusement l’avenir de la nation. Nous avons déjà oublié, et nous avons tort, que sans l’intervention de Denis Sassou Nguesso pour arrêter la spirale de la terreur qui s’installait dans le pays, le Congo aurait chaviré collectivement. Les contorsions logorrhéiques qui nous ont été infligées ces jours derniers par ceux qui se donnent le droit de juger sans s’interroger sur ce qu’a été leur action dans l’exercice du pouvoir sont pathétiques, voire affligeantes.

Le temps fait vaciller la mémoire. Le temps corrompt la mémoire. Ce fait est parfois inéluctable du fait de la dégénérescence des neurones. Mais quand on utilise le temps de façon malicieuse et délibérée pour falsifier les faits et l’histoire, il y a là manifestement une volonté dolosive et coupable. Ce qui est grave et se passe régulièrement chez nous. La Conférence nationale de 1991 a donné une image minable et déplorable de gens qui avaient géré l’État et qui se défaussaient tous sur un seul individu : Denis Sassou Nguesso, qui a eu la sagesse d’assumer l’incurie collective.

Le temps fait vaciller la mémoire. Le temps corrompt la mémoire. C’est à cause de la mauvaise gestion de l’État et sa progressive déliquescence que Denis Sassou Nguesso, à son corps défendant, est revenu dans l’arène politique pour arrêter la descente aux enfers du Congo. Certains ont déjà oublié qu’il avait choisi de quitter le pouvoir après les élections de 1992, fait rarissime pour être rappelé au moment où on lui prête l’intention de rester à la tête de l’État au-delà de la limite constitutionnelle de 2016. Mauvaise foi, quand tu nous tiens…

Le temps fait vaciller la mémoire. Le temps corrompt la mémoire. Et ceux qui ont pratiqué Denis Sassou Nguesso, avec le temps corrosif et corrupteur, se trompent sur l’homme et sur son sens de l’État. Certains ignorent que s’il n’avait tenu qu’à lui, il n’aurait pas rempilé en 2009. Mais devant le vide sidéral de successeurs, il a dû se représenter. D’où le dépit de certains prétendants au parfum de l’intention du président sortant, à l’époque, de ne pas être candidat à sa propre succession. Sassou Nguesso n’a pas encore parlé de 2016. Que nous réserve-t-il ? Cessons de conjecturer sur une question qui ne se pose pas encore pour lui. Il se dévoue à la tâche de la reconstruction nationale avec une réussite certaine. Mutatis mutandis… Ceux que préoccupe 2016 sont déjà en lice. Il n’est donc pas étonnant d’assister à cette large campagne de désinformation et de manipulation en guise de préparation à cette échéance ultime. En attendant, Sassou Nguesso travaille pour le Congo.

Le temps fait vaciller la mémoire. Le temps corrompt la mémoire. « Touche pas à ma constitution » est la nouvelle antienne. Quelle constitution ? Ceux qui ont été à la concertation de Dolisie, il y a quelques mois à peine, ont-ils déjà oublié qu’ils l’ont mise sous le boisseau ? Lorsque, sous le prétexte d’un accord politique, on prend des libertés avec les stipulations de la constitution en vigueur, de manière quasi primesautière, on se met en dehors de la loi. On n’est donc plus fondé à en parler. Question de bon sens. À moins d’une bonne dose d’outrecuidance ! Il nous est permis, avec de telles incongruités, de nous interroger sur les capacités de nos hommes politiques. C’est un euphémisme.

La Constitution de 1958, qui nous sert de référence et de boussole, n’a-t-elle jamais été formellement retouchée ? Et celle des États-Unis ? Ce sont les hommes qui font les constitutions, ce sont eux qui les amendent, les modifient ou les changent. Pour l’instant, ce débat n’est pas à l’ordre du jour, quoique l’agitation autour de cette question touche aussi bien les hommes proches du pouvoir que ceux de l’opposition. Mauvaise inspiration de part et d’autre. Les arguments volent bas.

Mfumu

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