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Mercredi 30 Octobre 2013 - 0:01

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Oui, voyons si Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, dont la venue est annoncée cette fin de semaine à Luanda, capitale de l’Angola, aura la courtoisie – d’aucuns, dont nous sommes, diraient plutôt la sagesse – de venir à Brazzaville remercier de vive voix le président Denis Sassou N’Guesso pour le travail qu’il accomplit en faveur de la paix aussi bien en Centrafrique qu’en République démocratique du Congo. Voyons si la France se montrera reconnaissante, au moins en paroles, de l’aide que notre pays, le Congo, lui a apportée au Mali lorsqu’il a mis un avion à la disposition du Tchad pour acheminer ses troupes de Ndjamena à Bamako.

Le test sera instructif à tous égards. Il montrera, en effet, si la France a ou non compris qu’en laissant agresser sur son propre territoire ses plus fidèles alliés africains sans jamais réagir elle scie la branche sur laquelle elle est assise. Il permettra également de mesurer si l’un des ministres les plus influents du gouvernement Hollande mesure ou non l’enjeu que constitue pour son pays la stabilité du Bassin du Congo, cette région du monde où se joue désormais une partie stratégique vitale pour des pays comme le sien.

Alors que les plus grandes puissances de la planète inscrivent l’Afrique centrale en bonne place dans leurs priorités diplomatiques et économiques, la France n’a jusqu’à présent accompli aucun geste qui permettrait de penser qu’elle veut garder des relations amicales et confiantes avec cette partie du monde à laquelle la lie pourtant une longue histoire commune. Elle semble oublier que pendant la Seconde Guerre mondiale c’est à Brazzaville, avec l’aide des Africains, qu’elle entreprit de se reconstruire. Et cet oubli lui fait commettre la pire des erreurs puisqu’il sape la confiance qui existait jusqu’à présent entre les deux pays.

À quelques semaines du « sommet » de l’Élysée, qui doit permettre à la France d’afficher ses bonnes relations avec le continent, Laurent Fabius serait sage de lire avec attention ce que le président du Congo écrit dans le numéro 48 de la revue Géopolitique africaine qui vient tout juste de paraître*. Il comprendra alors que si la France ne renoue pas très vite des relations de confiance avec les pays africains, elle se trouvera inéluctablement reléguée au second plan de la communauté internationale. Il comprendra aussi que faute de saisir cette ultime chance, son pays commettra une faute historique majeure.

Puisse-t-il donc profiter des longues heures de vol entre Paris et Luanda pour s’imprégner de cette évidence.

 

*Denis Sassou N’Guesso : Développement durable et sécurité : pour une nouvelle coopération Afrique-Europe. Revue Géopolitique africaine – African Geopolitics n° 48, troisième trimestre 2013.

Les Dépêches de Brazzaville

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