Vigilance

L’on ne peut, bien évidemment, que se réjouir de la fin du conflit qui ensanglante les deux Kivu et de la victoire remportée par les autorités de Kinshasa sur les rebelles du M23. Mais la prudence, et donc la vigilance, s’impose plus que jamais dans la gestion de ce dossier qui est loin d’être refermé en dépit des apparences. Car les forces obscures à la manœuvre sur le terrain n’ont pas renoncé à leur sinistre dessein qui consiste à attiser les haines ethniques afin d’exploiter en toute illégalité les richesses naturelles de cette partie du continent.

Remarquons, avant d’aller plus loin, que le retournement de la situation dans l’est de la République du Congo est dû pour une large part à la mobilisation, tardive mais réelle, de la communauté internationale qui s’est rangée au côté du gouvernement de Kinshasa ; une mobilisation qui a conduit la force des Nations unies, la Monusco, déployée depuis des mois dans le Kivu mais jusque-là fort peu active, à intervenir les armes à la main pour protéger les populations contre l’agression des rebelles. Ajoutons à ce qui précède que l’évolution de la situation politique à Kinshasa même n’est pas étrangère à ce retournement de situation, les concertations nationales initiées par le président Joseph Kabila ayant créé un climat apaisé propice aux réformes que le peuple congolais espère.

Peut-on dire pour autant que la crise dans laquelle notre voisine et sœur se trouve plongée depuis des années est terminée ? Certainement pas, dans la mesure où le feu peut à tout instant reprendre dans la partie orientale de la RDC si les puissances étrangères qui convoitent les matériaux rares dont regorge cette région du continent et qui s’efforcent de provoquer l’implosion du pays ne sont pas mises définitivement hors de nuire. Cet objectif ne pouvant être atteint que si les puissances occidentales, les États-Unis en particulier, s’engagent résolument au côté des autorités de Kinshasa, la partie qui débute sur le plan diplomatique sera décisive à tous égards.

Ne nous faisons donc pas d’illusions : elle sera difficile à gagner dans la mesure où les Américains n’ont pris que récemment la mesure de l’enjeu stratégique que représente le Bassin du Congo et ne commencent que maintenant à se mobiliser pour en asseoir la stabilité sur des bases solides.