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Le Congo à l’épreuve de la décentralisation

Vendredi 15 Novembre 2013 - 0:28

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En 1949, le territoire du Moyen-Congo, actuelle République du Congo, comprend six régions : le Pool, dont le chef-lieu est Brazzaville, érigée en commune mixte avec les districts de Brazzaville, Boko, Kinkala, Madingou, Mindouli, Mayama, Mouyondzi et les postes de contrôle administratifs de Ngabé et Pangala ; l’Alima, dont le chef-lieu est Djambala, avec les districts de Djambala et Mabirou ; le Niari, avec Dolisie comme chef-lieu, et les districts de Dolisie, Loudima, Sibiti, Komono, Mossendjo, Divénié et Zanaga ; le Kouilou, dont le chef-lieu est Pointe-Noire, érigée en commune mixte avec les districts de Pointe-Noire, Mvouti et Madingo-Kayes ; la Sangha-Likouala, dont le chef-lieu est Fort-Rousset (Owando), avec les districts de Fort-Rousset, Mossaka, Makoua, Abolo, Ewo, Ouesso, Souanké ; la Likouala, dont le chef-lieu est Impfondo, avec les districts d’Impfondo, Dongou et Épena.

Soixante-quatre ans après, la République du Congo compte douze départements, après avoir connu neuf régions pendant longtemps. À quoi correspond cette évolution ? Nécessité ou effet de mode ? Cette question se pose avec une brûlante acuité au moment où il est question d’utiliser la décentralisation comme levier du développement. Si la qualité des textes, la pertinence des moyens et la performance des outils permettent à une bonne politique publique d’anticiper les difficultés, d’agir pour le bien de tous et de renforcer la légitimité, il n’en demeure pas moins que la maîtrise de l’espace national peut jouer un rôle d’accélérateur ou de ralentisseur de la décentralisation, qui est une politique publique qui relève de l’administration et des institutions, et qui, par ce processus et le principe de subsidiarité, améliore la proximité des services publics des habitants.

La commune, cadre institutionnel pour l’exercice de la démocratie, est l’expression par excellence de la décentralisation. Ce n’est donc pas sans raison que Tocqueville déclarait que « les communes sont à la démocratie ce que sont les écoles à la science » ; elles offrent aux habitants le cadre idéal de l’apprentissage de la citoyenneté et du respect du bien public. Soixante-quatre ans après, le Congo compte six communes, alors que le Maroc, par exemple, au cours de la même période, en compte plus de 1 200. C’est dire si la reconfiguration de l’espace national est importante. Il faut repenser nos villes qui ont tendance à ne plus avoir de limites. Elles donnent l’impression de s’étendre indéfiniment. Il faut globalement repenser l’aménagement du territoire de manière pragmatique, au regard de ce dysfonctionnement structurel rédhibitoire.

Avec la commune, la décentralisation a pour objectif de satisfaire, avec plus d’efficacité que l’État ne l’a fait depuis sa mise en place, les attentes des citoyens en matière de services collectifs essentiels. Nous devons peut-être accélérer la cadence dans ce sens. En tout état de cause, la décentralisation reste encore peu ancrée dans les mœurs politiques chez nous.

La décentralisation constitue pourtant un élément important de la stratégie de réduction de la pauvreté à travers sa composante gouvernance. Elle représente un axe majeur de lutte contre la pauvreté. Elle donne aux communes un large champ de compétences afin que ces collectivités garantissent des services publics répondant aux besoins exprimés par les populations et, plus globalement, mettent en place les conditions assurant un développement adapté aux spécificités de leurs territoires.

La réforme de la décentralisation crée des collectivités locales qui s’administrent librement par des conseils démocratiquement élus. Au plan plus général se pose le problème de la place de l’administration territoriale dans le dispositif gouvernemental. Un ministère de la Décentralisation, de l’Administration et de l’Aménagement du territoire serait de bon aloi, sinon pour s’occuper de la gouvernance locale, du moins pour contribuer spécifiquement à la mise en œuvre de la décentralisation.

Mfumu

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