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Les fascicules scolaires, parlons-en !

Lundi 2 Décembre 2013 - 6:51

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Le fascicule en tant que support de connaissances simplifiant le processus d’apprentissage des élèves et étudiants n’est pas une mauvaise chose en soi. Il tend à devenir une chose embêtante lorsqu’il prend une coloration lucrative, abusive et coercitive. Comment comprendre que certains enseignants imposent les fascicules qu’ils « fabriquent » aux élèves et ne veulent plus expliquer les cours en classe, intimant à ces mêmes élèves : « Consultez vos fascicules ! » Cela suppose que l’élève doit d’une part acheter le fascicule et d’autre part chercher à le comprendre, mais comment ?

La compréhension du fascicule sous-entend que l’apprenant s’inscrive dans le centre d’encadrement créé par l’enseignant. Oui, le fascicule est une simplification par voie de synthèse de notions qui s’avèrent compliquées dans les manuels au programme et que l’élève ou l’étudiant peine à assimiler. Le fascicule rend donc simple ce qui est compliqué dans le livre. D’où le fait que dans bon nombre d’établissements d’enseignement allant du primaire à l’université en passant par le collège et le lycée, les professeurs n’hésitent pas à employer cette solution du fascicule. Mais une chose est vraie, ces fascicules tendent à devenir un fonds de commerce et ne jouent plus exactement leur rôle originel. Non seulement, ces fascicules bâclent bon nombre d’exercices et devoirs d’assimilation des cours, mais en plus ils manquent de détails importants et faussent de temps en temps les données.

Les enseignants spécialistes, disons mieux « monteurs de fascicules », ne prennent pas assez de temps pour expliquer leurs cours en classe. Ils obligent les élèves à acheter les fascicules et à en faire une première lecture chez eux puis à recevoir quelques explications au niveau des centres d’encadrement. En d’autres termes, tout élève qui voudrait comprendre le cours doit d’abord acheter le fascicule et ensuite s’inscrire au centre. Question : que sous-entend s’inscrire au centre ? Réponse : débourser de l’argent, car un apprenant ne peut poser de questions à un fascicule. Il lui faut être en face d’un professeur, encadreur ou répétiteur. Alors pourquoi ces « monteurs » de fascicules ne veulent-ils plus expliquer leurs cours en classe ? Réponse : une fois le cours expliqué en classe, le fascicule et le centre cessent d’être importants et du coup c’est l’aspect pécuniaire que l’on perd.

La perfection n’étant pas de ce monde, est-ce que ces fascicules ne seraient pas en train de rabâcher passivement certains cours ? Est-ce que la plupart des enseignants qui s’illustrent dans la fabrication et la vente de fascicules aux élèves le font sans arrière-pensées, ou le font-ils parce qu’ils veulent amener les élèves à la compréhension des contenus de ces enseignements ? La chose est plus criante pour les disciplines scientifiques, notamment les mathématiques, les sciences physiques, les statistiques, la comptabilité, la gestion, l’économie générale, l’informatique, la biologie cellulaire, et la démographie analytique où ces fascicules sont de plus en plus fabriqués et montés.

« Je ne pourrai accepter dans mon centre que l’élève qui achètera le fascicule », disait la semaine dernière un professeur aux élèves qui s’informaient sur l’inscription au centre de répétition dudit enseignant. Cela pour qu’il gagne doublement. Si le prix d’un manuel de mathématiques au collège comme au lycée varie de 7 000 à 12 000 FCFA, le fascicule quant à lui en coûte la moitié et l’inscription dans le centre de même. La mensualité coûte donc le même prix que le livre.

Finalement, à cause du fascicule les explications des enseignants ont quitté les salles de classe pour être présentes dans des centres de répétition privés. Ce comportement, qui ne se marie pas du tout avec l’année de l’enseignement, peut être condamnable. La chose se complique surtout dans les classes d’examen, c’est-à-dire au cours moyen deuxième année, en troisième et en terminale. Ces fascicules, qui devraient être un appoint incontestable pour l’assimilation des enseignements, sont devenus des supports troublants pour les élèves. Les élèves qui les achètent, et n’ont pas assez de soutien financier pour suivre dans les centres cette trajectoire imposée par ceux qui les ont montés, passent beaucoup de jours seuls avec ces fascicules sans que leurs contenus leur soient accessibles. Or il est difficile pour un apprenant de percevoir seul le message caché du fascicule.

On peut dire sans hésitation qu’un fascicule sans explication ressemble à une enveloppe fermée dont le contenu reste inaccessible. Et dans ces conditions, il est difficile que l’élève sorte la tête de l’eau. C’est le niveau des enfants qui est sacrifié au profit du commerce du fascicule. Une chose est vraie : à chaque rentrée scolaire ou académique, ceux qui ont la charge de conduire les enseignements dans les établissements ont toujours eu des séances et séminaires pédagogiques sur le « comment transmettre ». Est-ce qu’un fascicule muet peut répondre à cette question ?

Faustin Akono

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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