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Au chevet de Madiba

Lundi 9 Décembre 2013 - 0:46

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Il avait soufflé ses 95 bougies le 18 juillet dernier. 95 ans, dont 27 passés en prison, et seulement cinq (1994-1999) à la tête de son pays, l’Afrique du Sud, lorsqu’elle rejeta l’apartheid à sa libération, en 1990, pour devenir la nation arc-en-ciel. Hospitalisé pendant plusieurs jours pour des complications pulmonaires, Nelson Mandela avait mobilisé l’attention de tous dans son pays et à l’extérieur : politiques, historiens, journalistes, gens ordinaires accumulaient prières, anecdotes, récits et commentaires sur la vie et l’œuvre de Madiba.

C’est que fort de son engagement en faveur de la liberté, le père de la nouvelle Afrique du Sud, mortel comme tous les êtres humains, avait, dans son infinie magnanimité, franchi un pallier d’inviolabilité morale qui en avait fait presque un demi-dieu. Ce n’est pas étonnant qu’il ait incarné pour la pensée universelle tout court la synthèse, le juste milieu entre le bien et le mal, entre le tort et la raison. Nelson Mandela était invulnérable !

Comment comprendre qu’un homme fait de poussière comme tous les autres hommes ait pu ramener à lui, sans exception, une telle admiration de ses semblables ? Comment ce monde si cloisonné entre riches et pauvres, entre puissants et faibles, entre Blancs, Noirs, Jaunes et Rouges a-t-il pu se résoudre à l’idée que l’on a beau jouir de privilèges ou d’un statut particulier, la vie est paradoxalement, partout, quelque chose au-dessus des vanités, qu’elles viennent du Nord, du Sud, de l’Est, de l’Ouest ou du centre ? Tel est, en réalité, le message que le héros de la lutte antiapartheid, prix Nobel de la paix, Nelson Mandela, a transmis à l’humanité en près d’un siècle de vie.

Pacifiste devant l’Éternel, Mandela savait répondre à l’invective par l’invective, à la force par la force, avec à son crédit le fait que la cause qu’il défendait était juste. Les autres, ici ou ailleurs, avaient fini par le réaliser sur le tard avant d’accorder du crédit à l’entêtement du héros qui préférait la prison à la liberté conditionnelle. Du temps où le régime ségrégationniste de Pretoria sévissait, ceux-là se bandèrent les yeux et la bouche, plantèrent sur leurs oreilles des casques pour écouter la seule musique des canons demeurant sourds aux gémissements des populations d’Afrique du Sud.

Ils se sont ravisés bien plus tard et, heureusement pour eux, ont pris le temps de se donner bonne conscience. Tous ont cherché à tour de rôle à se faire prendre en photo avec Tata Mabida. Lui les avait tous accueillis, y compris ceux de son propre camp qui espéraient à nouveau ensanglanter l’Afrique du Sud en se disant : « Le temps des Blancs et passé, les Noirs doivent à leur tour instaurer la violence d’État et l’arbitraire. » Non, l’Afrique du Sud est multiraciale, tout simplement Arc-en-ciel. Grâce à Mandela ! Nul n’avait aussi marqué son temps et les esprits comme il l’a fait avec oubli de soi.

Tant mieux si l’hommage que le monde entier rend à Madiba,  avec des obsèques qui sans doute marqueront ce siècle, peut apporter plus de compréhension et de concorde dans la vie de tous les jours en Afrique du Sud et sur la planète Terre. Si tel n’est pas le cas, tant pis ! Pour l’essentiel, l’icône de la liberté a bâti sa maison d’humanité là-haut, loin des gloires de façade qui cernent encore ce monde.

Gankama N’Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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