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Quand des associations fictives polluent le paysage social !

Lundi 16 Décembre 2013 - 2:45

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Ces associations, organisations non gouvernementales et regroupements divers sont fictifs pour des raisons très simples : bon nombre d’entre eux n’ont ni membres, ni récépissé, ni statuts, ni règlement intérieur. Ils n’ont pas honte d’afficher des noms de personnalités politiques, d’entrepreneurs et d’hommes qui ont marqué l’histoire du monde. Certains utilisent ces noms comme des tremplins pour arriver à leur but, et ces hommes politiques, entrepreneurs et autres personnalités sont parfois fort surpris d’apprendre qu’ils ont été hissés par des escrocs au rang de présidents d’honneur de ces associations qui ne sont que des leurres.

Celles-ci naissent dans tous les départements ; et à Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie, Owando, Ouesso, Mossendjo et Impfondo, leur nombre impressionne. À dire vrai, elles n’ont aucun but réel affiché, mais elles sont des moyens par lesquels leurs meneurs « arrachent » de l’argent chez les présidents d’honneur. Et lorsque la stratégie d’escroquerie a échoué, elles se désintègrent, s’auto-éliminent. Celles qui résistent se débrouillent tant bien que mal pour monter des bureaux fictifs parfois composés de membres de leur famille, et toutes affichant des noms de personnalités bien connues afin que les portes s’ouvrent facilement à leurs sollicitations. C’est par souci de discrétion que l’on évitera de les citer…

Il peut s’agir d’une association de défense des droits de l’homme, portant le nom d’un militant de réputation mondiale qui à travers ses actes a eu des retentissements dans la région sur des questions d’ordre humanitaire en général. Il peut aussi s’agir d’une association parlant au nom des orphelins et qui porte le nom d’un humaniste de renom national ou international. Cela peut être aussi une ONG qui n’existe que par son nom et qui n’a ni siège, ni membres physiques, mais qui fait du porte-à-porte auprès d’organismes internationaux à la recherche de financements, mettant en exergue des actions socioéconomiques qu’elle compte mener ou réaliser dans telle ou telle localité. C’est de la tromperie.

Pour bien comprendre cette escroquerie desdites associations, qui se composent souvent de membres douteux, il suffit avant tout de savoir quels sont les noms et les présidents d’honneur de ces associations. Ensuite quels sont les membres au poste de la présidence active et des deux vice-présidences. Notons que certains meneurs-escrocs de ces associations se disent apolitiques et non gouvernementaux alors qu’ils sont de vrais politiciens calculateurs. Mais les hommes politiques, les opérateurs économiques, les entrepreneurs et autres ne sont plus dupes de ces manigances, ils savent bien que c’est par intérêt que ces associations naissent et alimentent de telles idées sournoises et hypocrites. Car comment comprendre que le nom d’un politique ou d’un opérateur influent peut être affiché par près d’une dizaine d’associations ? Il s’agit de malins qui se démènent pour gagner de l’argent. Chose bizarre, c’est à travers les médias que les personnalités apprennent parfois qu’elles sont président d’honneur. Il n’y a donc pas de consultation préalable.

Les moments les plus favorables à la naissance de ces associations fictives sont les fêtes de fin d’année et la veille des scrutins, car les meneurs de ces associations savent bien que c’est à ces moments que les personnes sollicitées sont les plus réceptives. Ce sont de vrais flatteurs et de vrais calculateurs. Par le passé, par exemple, on a vu un meneur syndicaliste se disant grand défenseur des intérêts des travailleurs qui, après s’être fait une place au soleil, s’est désolidarisé des autres. Autrement dit, son but était atteint. Attention à ces meneurs d’hommes dangereux qui créent des regroupements et associations fallacieux.

En politique, une organisation se crée pour la conquête et la conservation du pouvoir. En société, l’association se crée pour des œuvres humanitaires ou altruistes, mais son créateur peut avoir un but inavoué. Dans les affaires et dans les ONG, par exemple, l’entité est créée à des fins de profit, mais devant autrui ce sont des arguments contraires qui sont avancés. Ces associations fictives, qui ne sont connues qu’à travers leurs présidents d’honneur, sont toutes très exigeantes sur les cotisations statutaires, legs et offrandes, comme certains hommes de Dieu qui exigent des billets de banque et refusent la monnaie. Pire encore, d’autres changent d’appellation sans vergogne parce que le premier nom n’a rien donné. Et c’est par ces actes que les meneurs de ces associations se trahissent.

Faustin Akono

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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