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Dernière levée de boucliers

Lundi 16 Décembre 2013 - 2:42

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Elle s’est produite il y a quelques semaines autour de l’envoi en formation à Cuba de jeunes Congolais pour apprendre la médecine. Les noms, nos noms, tels que nos parents nous les donnent à la naissance ont été la cible de commentaires plus ou moins avisés et congrus, plus ou moins maladroits et pernicieux, mais somme toute symptomatiques de l’état d’esprit dans lequel nous vivons à l’intérieur du Congo, soupçonnant les autres d’être les pires hiboux, nous regardant le nombril chaque fois que nous devons prendre une décision d’intérêt général, chaque fois que nous ouvrons la bouche en public.

Ce qui est intéressant en démocratie, et nul ne saurait en disconvenir, est qu’elle est un régime de la parole libre. Vous parlez comme vous parlez, vous vous dévoilez et vous vous laissez juger par ceux qui vous écoutent. Le plus souvent, cela change la perception qu’ont de vous vos admirateurs ou vos détracteurs ; cela vous fait redescendre de votre piédestal ou au contraire vous procure audience et respect. « Le respect des masses se gagne ; c’est notre pratique qui nous le confère ou au contraire nous le refuse », disait Marien Ngouabi.

Dans le dernier débat en date, disons la dernière levée de boucliers en date, les langues se sont déliées pour approuver ou, à l’inverse, réprouver le propos de ceux ou celles qui s’écharpaient autour de la question. Grâce à ce débat contradictoire, les rancœurs qui durcissaient en silence les cœurs sont peut-être retombées. Tant mieux ! Il reste à envisager pour les jours à venir comment les politiques aborderont l’autre sujet qui, certainement, fâche : la préparation des élections locales. Les résultats du recensement administratif n’étant pas encore rendus publics, le doute est permis de savoir si ces scrutins se tiendront avant la fin de cette année.

Il est vraisemblablement plus réaliste de penser à organiser les consultations en janvier ou février 2014. Or sur ce dossier, comme à leur habitude, les opérateurs politiques se disputent sur le compte des engagements de Dolisie, qui ne seraient pas remplis par les uns et les autres. Des déclarations étayant l’étendue des suspicions réciproques ont fusé puis se sont estompées en même temps que les sanctions prononcées au sein de certains états-majors des partis. Ce qui veut dire, en principe, que l’émiettement des partis se poursuivra au détriment de la construction de véritables ensembles politiques soudés pouvant influer positivement sur le cours des choses.

Que nous réservent donc les discours du beau monde politique d’ici la tenue des locales ? Telle est la question que se posent les militants des formations politiques, car qu’elles soient de l’opposition ou de la majorité, ces entités étalent depuis toujours leur déficit de communication sur les grandes questions nationales. Même si certaines de leurs déclarations publiques dans les médias montrent quelque combativité, font dire que ceux qui les prononcent sont des hommes libres, c’est bien au sein des partis que les dirigeants politiques manquent d’espace pour s’exprimer comme il se doit. Là est en réalité le vrai problème de la démocratie congolaise : une démocratie plus médiatique qu’elle n’est sur le terrain pratique.

Et comme ces hommes affectionnent de se regarder par le côté où ils viennent au monde, on a envie de se demander à quand la prochaine levée de boucliers sur nos origines ethniques ou tribales ?

Gankama N’Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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