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Où va le Bassin du Congo ?

Lundi 6 Janvier 2014 - 3:35

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Répondre à une telle question alors que la Centrafrique et la République démocratique du Congo traversent des moments difficiles est un exercice aussi aléatoire que périlleux. Qui, en effet, peut dire aujourd’hui avec la moindre certitude sur quoi déboucheront demain les événements en cours dans ces deux pays ? Et qui, honnêtement, dispose d’éléments, d’informations, de données suffisamment étayés pour émettre le moindre pronostic sur ce que l’avenir leur réserve ?

L’histoire est là, cependant, pour démontrer que c’est toujours dans les périodes de crise, alors que rien ne permet d’espérer en un futur meilleur, que les peuples trouvent les solutions qui leur permettront de résoudre leurs problèmes et par conséquent de vivre mieux à l’avenir. En témoignent avec éloquence les États-Unis d’Amérique, l’Union européenne, la Chine, la Russie et bien d’autres nations qui se sont construites, ou reconstruites, au sortir de secousses d’une ampleur inouïe qui, en bonne logique, auraient dû les détruire.

Où va donc le Bassin du Congo ?

Très vraisemblablement et contrairement aux apparences vers la constitution d’une communauté qui abaissera, puis supprimera les barrières artificielles élevées au temps de la colonisation par des puissances extérieures au continent afin de garder la main mise sur les richesses naturelles de cette partie de l’Afrique. Esquissé à travers des entités économiques telles que la Cémac ou la Cééac, ce mouvement ne peut que s’accélérer au fil du temps car il génère des échanges fructueux dont profitent tous les peuples. En effaçant les frontières, la construction de routes, de voies ferrées, de ponts, de ports, d’aéroports désenclave des territoires immenses qui jusqu’alors vivaient isolés, repliés sur eux-mêmes, à l’écart du progrès. Elle crée un mouvement irréversible d’où surgira un jour prochain l’un des marchés communs les plus vivants d’Afrique.

Ce phénomène économique et social est d’autant plus important, d’autant plus rapide qu’il se double d’une explosion de la communication qui abolit, elle, le temps et l’espace. Il suffit pour s’en convaincre de considérer la rapidité avec laquelle le téléphone, la télévision, internet, l’électronique conquièrent l’un après l’autre tous les pays de l’Afrique centrale. Hier réservés à des élites qui vivaient repliées sur elles-mêmes, les nouvelles technologies gagnent rapidement du terrain ; elles s’imposent partout comme l’outil principal du progrès social et créent un marché virtuel qui, à échéance très rapprochée, deviendra un marché réel. Croire, dans un semblable contexte, que les populations continueront à s’ignorer est une illusion, un mirage. Tout, en réalité, se met en place pour qu’émerge à brève échéance du désordre actuel une véritable communauté régionale.

Le problème qu’il convient de résoudre au plus vite est de nature politique. Il résulte, en effet, de l’incapacité où se trouvent les gouvernements, et donc la classe dirigeante, d’accompagner sur le plan institutionnel le formidable mouvement en avant qui se dessine. Pour des raisons qui tiennent au passé cloisonné qui fut le leur, les États, freinés par des institutions et des administrations pesantes, ne veulent pas, ou n’osent pas, se lancer dans l’aventure communautaire. Ils sont de plus en plus décalés par rapport à la réalité économique et, de ce fait, s’avèrent incapables de prévenir les crises qui menacent leur unité, leur cohésion. Ce qui se passe dans l’est de la République démocratique du Congo et en Centrafrique en est la démonstration accablante.

Même si cela parait fou aujourd’hui, nous sommes convaincus – et nous ne sommes pas les seuls à l’être – que les crises qui affectent le Bassin du Congo déboucheront demain sur la constitution d’une des plus riches, des plus prospères communautés de nations de la planète. Reste à imaginer comment accélérer le rythme de cette révolution inéluctable, ce qui n’est pas une mince affaire !

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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