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France-Congo : le retour de la confiance ?

Lundi 6 Janvier 2014 - 3:37

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L’étape brazzavilloise de la tournée africaine du ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, le 2 janvier, peut-elle être inscrite dans une perspective d’apaisement entre la France et le Congo ? En ce début d’année, synonyme parfois de remise en ordre d’un certain nombre de choses au plan individuel et collectif, regarder l’avenir sous un tel angle n’a rien d’inopportun. Et pour cause. Entre Paris et Brazzaville, les douze mois écoulés ont souvent donné lieu à quelques averses.

L’affaire dite des biens mal acquis et celle des disparus du Beach, par exemple, ont occupé l’arène des médias de l’Hexagone bien souvent au moment où l’on s’y attendait le moins dans l’ancienne capitale de la France libre. Le sentiment ce côté-ci est que, sur la place de Paris, des officines formées à la nuisance dans le but de discréditer les dirigeants congolais prennent un malin plaisir à agiter les grelots chaque fois que Brazzaville s’apprête à cueillir les fruits de la tranquillité recouvrée.

Or, malgré l’engagement du Congo aux côtés de ses pairs de la sous-région en République centrafricaine, et du rôle de médiation que le pays mène dans le conflit depuis janvier 2013, l’intérêt de l’associer à la recherche de voies et moyens susceptibles de consolider de fragiles acquis obtenus auprès des belligérants centrafricains semblait dérisoire chez l’ancienne puissance colonisatrice. À Brazzaville, des observateurs avertis ne s’étaient pas privés de lier ce désintérêt à la froideur du contact entre les deux vieux partenaires que sont la France et le Congo.

Le propos de Jean-Yves Le Drian, au sortir de son audience avec le président Denis Sassou-N’Guesso, permet de constater un retour à la réalité dans l’appréciation par la France de la situation en Centrafrique : « Il y a près d’un millier de soldats congolais en République centrafricaine, il y a 1 600 soldats français sur place. Il était utile qu’on en parle avec le plus grand contributeur à la Misca (Mission internationale de sécurisation de la Centrafrique, NDLR) qu’est le Congo. »

Au demeurant, lorsque l’opération Sangaris fut lancée, le 5 décembre, officiellement du moins il n’y avait pas eu l’ombre d’une concertation entre Paris et les capitales africaines, Brazzaville y compris, dont les troupes stationnaient sur le sol centrafricain depuis des années dans le cadre de missions de paix. Peut-être que si les délicates opérations de désarmement des milices entreprises par les hommes de la Sangaris aussitôt arrivés avaient été couronnées de succès, la France aurait levé immédiatement le camp sans demander son reste. Cela n’aurait pas été, malgré tout, sans provoquer quelques frustrations parmi les troupes africaines que l’on dit mal équipées mais qui n’en sont pas moins exposées au combat.

En plaidant auprès des autorités congolaises pour « une bonne cohérence entre l’opération Sangaris et la Misca », le ministre Jean-Yves Le Drian replace l’Afrique et le Congo au cœur du dispositif de sortie de crise en Centrafrique. Ce qui est une approche stratégique majeure et salutaire à la fois. Il reste à en récolter les dividendes pour toutes les parties. À savoir qu’il vaut toujours mieux prendre des avis, quelle que soit la situation, avant de décider de ce qui peut être dans l’intérêt de tous.

Il serait prétentieux de dire que l’audience du 2 janvier va tout régler de la relation un peu tendue observée au long de l’année dernière entre la France et le Congo. Dans un environnement où les défis économiques et sécuritaires sont partagés, Brazzaville et Paris ont tout intérêt à œuvrer ensemble pour consolider leur coopération sans s’alénier chacun sa souveraineté.

Gankama N’Siah

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