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Communauté internationale : l’Afrique au cœur des débats

Lundi 20 Janvier 2014 - 0:19

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Même si le Proche et le Moyen-Orient font toujours l’objet de spéculations, de controverses, de querelles insolubles et restent, en apparence, sur le devant de la scène internationale, le curseur de l’attention mondiale se déplace lentement mais sûrement vers l’Afrique en général, l’Afrique subsaharienne en particulier. Alors que, jusqu’à une date récente, le continent était perçu comme hors du temps ou n’étant pas encore « entré dans l’histoire », comme l’avait imprudemment déclaré un certain Nicolas Sarkozy, chaque jour qui passe renforce en effet l’idée qu’il est et sera de plus en plus incontournable.

Il n’y a là rien de bien nouveau, dira-t-on, puisque des nations comme la Chine, longtemps considérées comme incapables d’émerger à brève échéance, se sont imposées en moins de deux décennies comme des puissances de premier plan, capables de tenir tête aux États-Unis, à la Russie, à l’Europe. Certes, mais ce qui est nouveau dans le cas de l’Afrique, c’est que l’on change brutalement de vision en raison, d’une part, de l’importance de la communauté concernée – un quart de l’humanité dans moins d’un demi-siècle, selon les plus récentes évaluations démographiques – et de l’immensité des ressources naturelles que recèle le continent.

Pour résumer la situation de façon brutale, l’Afrique devient au fil des mois l’objet d’attentions, voire de convoitises de moins en moins discrètes. Il suffit pour s’en convaincre de regarder les événements de toute nature qui s’y déroulent, l’intervention croissante de puissances extérieures au continent, l’afflux des investisseurs, ou de lire les rapports de plus en plus circonstanciés et optimistes que publient à son sujet les institutions spécialisées. Alors qu’il y a quelques années encore, seuls les « fonds vautours », qui spéculaient sur la dette des États pour s’enrichir, s’intéressaient à l’Afrique, ce sont désormais les banquiers, les industriels, les commerçants du monde entier qui affluent vers le continent.

Si nous rappelons ici cette réalité dont seuls les Africains étaient jusqu’à présent conscients, c’est que dans les dix années à venir l’Afrique s’imposera comme le plus important marché de la planète. Quels que soient les obstacles qu’il lui faudra franchir, obstacles dont les guerres du Mali, de la Centrafrique, du Soudan, du Sud-Kivu donnent aujourd’hui la mesure, elle émergera dans tous les domaines. Et cela avec d’autant plus de force que ses innombrables diasporas disséminées à travers le monde commencent elles-mêmes à se mobiliser afin de tirer le meilleur parti de ce vaste mouvement, contribuant du même coup à son accélération.

Contrairement à une idée répandue dans la sphère internationale, ce ne sont pas les problèmes de gouvernance interne que l’Afrique doit résoudre en priorité dans le moment présent. Très rapidement, en effet, si ce n’est pas déjà fait dans la plupart des pays, la pression sociale et économique née de l’émergence obligera ses dirigeants à faire de l’élévation du niveau de vie, de la protection de la santé, de la formation des hommes leurs priorités absolues. Beaucoup plus difficiles à résoudre, en revanche, seront les problèmes qui résultent de la faiblesse de la gouvernance internationale, dont l’Union africaine est le symbole, faiblesse qui empêche le continent de se faire entendre sur la scène internationale et le soumet du même coup au bon vouloir des puissants.

Pour dire les choses clairement, la tâche prioritaire à laquelle devraient s’attacher maintenant les hommes et les femmes qui ont une autorité réelle en Afrique serait d’obtenir enfin que les grandes puissances fassent à leur continent une place à la mesure de sa dimension présente et à venir dans les grandes institutions internationales.

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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