Convaincre

L’annonce du sommet Afrique-États-Unis qui se tiendra à Washington au mois d’août concrétise le mouvement que les observateurs voyaient se dessiner depuis plusieurs années, mais que, jusqu’à présent, aucun geste significatif n’avait confirmé, à savoir le réveil de l’Oncle Sam face à un continent en pleine émergence qu’il considérait jusqu’alors avec une certaine commisération.

Est-il besoin de préciser que ce réveil est une bonne nouvelle pour l’Afrique étant donné la puissance des moyens économiques, financiers et autres dont les États-Unis disposent en ce début de millénaire ? Même si elle ne se traduit pas dans l’immédiat par un accroissement substantiel de l’aide que les Américains apportent à leurs partenaires africains, elle entraînera à coup sûr un afflux de capitaux dans les zones les plus prometteuses, l’Afrique centrale notamment dont les ressources naturelles sont encore très largement inexploitées. Et, de ce fait, elle accélèrera la marche de nombreux pays sur la voie du développement durable.

La question qui se pose maintenant est de savoir si les autorités américaines ont une appréciation juste, réaliste de ce qui se passe sur le continent. Ayant montré à plusieurs reprises qu’elles ne prenaient pas la mesure des problèmes que les peuples africains doivent résoudre, il n’est pas encore certain qu’elles prendront les bonnes décisions dans les domaines clés de la coopération, du partenariat, de l’aide au développement. Et ce n’est pas parce que le locataire de la Maison-Blanche est lui-même d’origine africaine que les puissantes administrations américaines cesseront de commettre de regrettables erreurs. On l’a, hélas, constaté en maintes occasions dans les dernières années.

Si nous-mêmes et nos frères africains sommes sages, voire simplement prudents, nous préparerons donc avec le plus grand soin le rendez-vous auquel Barack Obama nous convie. Sans plus attendre, nous nous concerterons afin de parler d’une même voix lorsque le moment sera venu d’échanger avec le président des États-Unis, son gouvernement, ses administrations. Alors, en effet, et alors seulement, nous aurons une chance sérieuse de tirer un réel profit de cette rencontre inédite.