Opinion
- Éditorial - Les Dépêches de Brazzaville
- Réflexion - Jean-Paul Pigasse
- Le fait du jour - Gankama N'Siah
- Humeur - Faustin Akono
- Chronique - Boris Kharl Ebaka
- Brin d’histoire - Mfumu
- Tribune libre - Sergueï Lavrov
- Idées-forces - Les Dépêches de Brazzaville
- Analyse - Xinhua
Le reniement de Wilfried N’GuessoLundi 10 Février 2014 - 2:22 On prêtait au président du Club 2002-PUR une influence certaine au sein de la majorité présidentielle. Wilfried-Guy-César N’Guesso avait, semble-t-il, parrainé plusieurs ministres dans différents gouvernements constitués dans les années de la fondation de son parti. Le nombre exact de ces derniers oscillait à l’époque entre deux et trois, celui de ses représentants à l’Assemblée nationale entre quatre et cinq. Tout compte fait, il n’en resterait plus qu’un seul, député à la chambre basse, sans doute plus aucun « envoyé » dans l’autre instance. Mais le problème n’est pas là. Le 30 janvier dernier, lorsqu’il les conviait à un déjeuner de presse à Pointe-Noire, deuxième ville du Congo où il exerce par ailleurs comme patron de la Société congolaise des transports maritimes, ses camarades du parti attendaient de Wilfried N’Guesso qu’il leur souhaite les vœux du Nouvel An et projette pour le futur de leur jeune formation politique la poursuite de la lutte engagée depuis plus d’une décennie. Ils ont été plutôt surpris par l’annonce du divorce de leur chef avec l’exaltante aventure, d’aucuns diraient par la renonciation au combat, la capitulation : « J’ai reçu un appel de Dieu, je vais dans les mois qui viennent me consacrer totalement à ce ministère », déclarait-il en substance. Les voies de Dieu sont impénétrables ! Il faut dire que d’association à sa création, le Club 2002 s’était ensuite mué en parti politique, devenant le Club 2002-PUR (Parti pour l’unité et la République), avec de forts ancrages dans le pays même et en Europe. Sur la place de Paris, centre par excellence de l’activisme politique et de l’activité professionnelle des ressortissants du Congo-Brazzaville, ex-colonie française, la presse de l’Hexagone rapportait de temps en temps, avérées ou non, les frasques personnelles du jeune cadre. Lui avait poursuivi le renforcement de son parti au point d’en faire une voix respectée parmi ses alliés de la majorité présidentielle. Lorsqu’en 2011, tenant son congrès, le Parti congolais du travail (PCT), socle essentiel de cette majorité, appela au grand rassemblement autour de son idée de fédérer toutes les forces soutenant le président Denis Sassou-N’Guesso, le Club 2002-PUR fut au nombre des partis proches qui n’obtempérèrent guère à la sommation de se saborder au profit du PCT. Consentant tout de même à laver le linge sale en famille, les deux alliés prônèrent l’apaisement, expliquant à l’occasion de retrouvailles jugées amicales et fraternelles que tous étaient unis pour la même cause : défendre l’action du chef de l’État. Ce qui est vrai, le temps ne jouait plus beaucoup en faveur du Club. De trois députés dans la douzième législature installée en 2007, la jeune formation politique subit une sérieuse décrue pour n’en conserver qu’un seul, comme rappelé plus haut, dans la treizième législature issue des élections de 2012. Il ne fait pas de doute que s’engager en politique signifie aussi savoir être réaliste. Soit la décision du président du Club 2002-PUR est motivée par la volonté de ne pas continuer à investir dans une entreprise qui ne procurait plus de profits en termes d’audience, soit elle est le fruit d’une longue réflexion de laquelle il est apparu que pour lui-même la mission qui présida à la création de son parti était accomplie. Sa déclaration du 30 janvier est sans équivoque sur ce dernier point. Le but était de soutenir le président de la République dans son engagement à restaurer la paix au Congo après les années noires. « Aujourd’hui, les Congolais se déplacent dans le pays en toute quiétude. Nous nous sommes battus pour cela et devons nous en féliciter », se satisfaisait-il. Dans les deux cas, il restera la gestion du beau monde du Club orphelin de son leader. Si ce dernier avait décidé de se retirer de la vie politique en laissant ses amis colmater les brèches, les enjeux seraient différents. En optant pour la dissolution pure et simple de celui-ci, Wilfried-Guy-César N’Guesso a peut-être souhaité laisser les uns et les autres choisir le chemin qui leur convient. Jurant la main sur le cœur de soutenir le président de la République, tous regarderont en direction du principal parti de la majorité présidentielle qui attend, au même titre que d’autres formations politiques de l’aréopage congolais, d’importantes batailles électorales. Une certaine agitation se fait jour tout de même au sein du parti en voie de liquidation, présageant de vraisemblables rebondissements dans la gestion du futur héritage. Gankama N'Siah Edition:Édition Quotidienne (DB) |