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PCT-MPLA : une amitié de quarante ans

Lundi 24 Février 2014 - 0:21

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Le propos du chef de la délégation du Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) reçue par les responsables du Parti congolais du travail (PCT), le 19 février à Brazzaville, était révélateur d’un état d’esprit : « Nous demandons à la presse amie du Congo de transmettre le message au peuple congolais et au monde entier que le Congo et l’Angola sont décidés à revenir au niveau des relations qui les unissaient lors de la lutte de l’Angola », déclarait en substance le membre du bureau politique chargé des relations extérieures du MPLA, Afonso Van Dunem Mbinda.

Brazzaville et Luanda étaient-elles donc en froid depuis un moment qui est apparu un peu long, voire inquiétant ? Quelles en étaient les causes ? Il n’est pas évident que l’on trouve d’emblée des réponses suffisamment étayées à ces questions qui ont pu occuper les conversations dans les deux capitales du Congo et de l’Angola depuis quelque temps. À l’évidence, la déclaration du dirigeant du MPLA donne un sens aux interrogations formulées plus haut. Elle renseigne aussi sur la volonté des deux partis au pouvoir à Lunda et Brazzaville de renouer un dialogue que plombait un silence assourdissant.

Il est loin le temps où la tenue à Luanda comme à Brazzaville du congrès de l’un des deux ex-partis marxisants de la sous-région drainait de nombreux invités de délégations amies, qui se signalaient alors par de longues déclamations fortement ovationnées. La flamme révolutionnaire passée, le moment est-il peut-être venu, pour le PCT et le MPLA que lie une amitié vieille de près de quarante ans, d’associer leurs efforts à ceux de leurs gouvernements respectifs décidés à se fréquenter plus régulièrement et de peser sur l’action des deux exécutifs dans la mise en œuvre des politiques de résolution des problèmes quotidiens des populations congolaise et angolaise ?

Il est certain que l’un des tourments à l’origine de frictions dévoilées ou non entre Luanda et Brazzaville est celui de la sécurité de leurs frontières communes. Sur une plus large échelle, d’ailleurs, cette question des frontières est devenue un véritable casse-tête pour plusieurs pays africains. Les conflits internes aux États en sont la cause, l’émergence de réseaux criminels dotés de puissants moyens qui n’hésitent pas à braver les pouvoirs publics et à en déstabiliser les institutions n’y est pas étrangère. Pour ce qui concerne l’Angola et le Congo, la frontière cabindaise semble mobiliser les attentions, la corde sensible étant notamment l’activisme des mouvements indépendantistes cabindais.

Au lieu de se jeter la pierre, de passer des mois et des mois sans plus s’adresser la parole, les deux pays devront plutôt intensifier le dialogue entre eux, mais également à l’intérieur de leurs frontières pour briser le cycle des soupçons. Reçu en audience par le président Denis Sassou-N’Guesso le 14 février, le ministre angolais des Affaires étrangères, George Rebelo Pinto Chicotti, signalait la tenue imminente de rencontres entre les experts des deux pays dans le but, disait-il, de « renforcer la coopération bilatérale ». En choisissant d’organiser ces retrouvailles à Cabinda et Pointe-Noire, les autorités angolaises et congolaises savent d’avance la place que tiennent ces villes dans le brassage des citoyens des deux pays. Au bout de leurs réunions de haut niveau, peut-être réaliseront-elles combien ce brassage est fort, et combien la meilleure façon d’en dénicher les écheveaux puisera toujours dans la concertation.

Le 19 février, les « camarades » du PCT et du MPLA s’étaient aussi mis en devoir de se rappeler les moments qu’ils passèrent ensemble du temps de la lutte de libération engagée par l’Angola. Eux ou leurs prédécesseurs à tout le moins. Comme de bons vieux amis, comme un couple sur la rupture, ils se sont dit à quoi bon ? Officiellement en tout cas, entre les deux partis, il y avait longtemps que des échanges de ce type s’étaient produits. Quarante ans d’estime, ce n’est pas rien !

Gankama N'Siah

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