Opinion

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Poker menteur

Mercredi 5 Mars 2014 - 1:33

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L’issue du face à face auquel se livrent Vladimir Poutine, Barack Obama et les dirigeants de l’Union européenne à propos de l’Ukraine est inquiétante dans la mesure où la folie naturelle des hommes peut les conduire aux pires excès. Mais reconnaissons que la comédie à laquelle nous assistons depuis près d’un mois est à bien des égards réjouissante, voire carrément drôle. Jugez-en plutôt à partir de ces quelques observations tirées de l’actualité immédiate.

Au terme d’une révolution conduite à Kiev par des « anti-Russes » convaincus et affirmés, les grandes puissances, qui avaient tiré de la « guerre froide » la conviction réciproque que la coexistence pacifique est le meilleur dénominateur commun de la paix, s’affirment prêtes à en découdre de nouveau : les Occidentaux au nom de la démocratie et des droits de l’homme, la Russie au nom de l’histoire qui la dressa contre l’Allemagne nazie durant la Seconde Guerre mondiale. Or derrière cette apparence, il est clair que les objectifs poursuivis par les uns et par les autres n’ont rien à voir avec les nobles motifs avancés pour intervenir dans le conflit qui les oppose.

Côté occidental, le but poursuivi est d’affaiblir la Russie en réduisant autant que faire se peut son influence dans la sphère géopolitique qu’elle s’est construite au fil des siècles. Tentée sans succès en Géorgie il y a quelques années, l’opération est conduite cette fois en Ukraine avec tout aussi peu de chances d’aboutir. Et comme l’inquiétude grandit à Washington, Londres, Paris, Berlin devant le vide politique créé à Kiev par la chute du pouvoir en place, l’on en vient à brandir des menaces telles que la non-participation de Moscou au G8 ou la mise en place de sanctions qui pourraient faire plier les autorités russes ; en oubliant simplement que l’Ukraine est en faillite et que la Russie détient un atout majeur qui est celui de l’approvisionnement de l’Europe en énergie.

Côté russe ce n’est guère mieux, puisque le motif avancé pour obliger Kiev à demeurer dans le giron de Moscou n’a rien à voir avec la réalité. Seul compte, en effet, aux yeux de Moscou le fait que l’Ukraine demeure une zone tampon qui met son territoire à l’abri des incursions européennes, allemandes en particulier, si d’aventure la folie reprenait le pas sur la raison. Instruite par une expérience douloureuse qui n’est pas si ancienne, la Russie de Vladimir Poutine se comporte en réalité comme la Russie des tsars. Et il faudra bien plus que les rodomontades de ses pairs occidentaux pour amener le président russe à changer d’attitude face à la « révolution » ukrainienne.

Ce à quoi nous assistons n’est pas autre chose qu’une partie de poker menteur. Une de plus !

Les Dépêches de Brazzaville

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