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Kerry et Lavrov

Lundi 24 Mars 2014 - 0:40

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John Kerry et Sergueï Lavrov, les deux ministres des Affaires étrangères des États-Unis d’Amérique et de la Fédération de Russie sont sur la sellette. Dans ces moments de tensions où leurs pays réinventent la guerre froide autour de la crise ukrainienne, ils sont en effet les plus en vue et rappellent, dans une certaine mesure, les épopées de leurs lointains prédécesseurs, Henry Kissinger et André Gromyko. Le premier, âgé aujourd’hui de 91 ans, et le second, mort à 80 ans en 1989, exercèrent leurs mandats, longuement pour le Soviétique, pendant 28 ans (1957-1985), et pendant quatre ans (1973-1977) pour l’Américain. De l’avis général, ils ne déméritèrent pas.

Aujourd’hui, comme du temps de Kissinger et Gromyko, les sujets qui fâchent les deux grandes puissances sont nombreux. Citons l’Iran : après avoir frôlé la guerre, les parties concernées, en tête desquelles se trouvent bien évidemment Washington et Moscou, s’acheminent lentement vers le dénouement grâce au dialogue engagé avec Téhéran. Citons la Syrie, où l’impasse est évidente : à l’instar du conflit israélo-palestinien où le veto à toute résolution du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies condamnant l’État hébreu est en permanence brandi par les Américains, les Russes ont pour leur part pris fait et cause pour le régime de Bachar al-Assad depuis l’éclatement de la guerre civile il y a trois ans.

Il faut tout naturellement ajouter la dernière crise en date, celle de l’Ukraine. Elle a quitté le cadre des résolutions et des condamnations pour celui du déploiement de soldats et de matériel militaire de part et d’autre des frontières convoitées. Les Russes ont repris la Crimée sans coup férir, les Américains ont avancé leurs avions de combat tout près, en Pologne. C’est une crise grave, qui paraît inextricable, car de chaque côté, la Maison-Blanche et le Kremlin crient le ras-le-bol et disent que trop, c’est trop !

De ce qui précède, on peut considérer que pour longtemps encore, s’il plaît à Barak Obama et à Vladimir Poutine de les maintenir à leurs postes, John Kerry et Sergueï Lavrov s’afficheront toujours sourire aux lèvres sur le petit écran comme s’ils approchaient de la solution. Savent-ils néanmoins, tous les deux, qu’au-delà de l’humeur enjouée qu’ils délivrent à la sortie de leurs rencontres successives, ils ont la responsabilité d’apporter l’apaisement dans le monde ?

À 71 ans bientôt, John Forbes Kerry, ancien candidat démocrate à la présidentielle américaine de 2004 remportée par Georges Walker Bush, est un homme politique de poids qui sait que les intérêts de son pays sont aussi ceux d’un monde débarrassé de guerres sans fin. Secrétaire d’État depuis un peu plus d’un an, il sait aussi que, même du temps où l’Amérique était préoccupée d’endiguer l’influence du communisme soviétique dans les années de la guerre froide, son « aïeul » au poste, Henry Kissinger, parvint à mettre au point une politique de détente qui lui valut le prestigieux prix Nobel de la paix. Kerry ne travaille pas à gagner cette distinction à son tour, mais on peut penser qu’il ne souhaite pas produire la guerre.

Même chose pour son homologue russe, Sergueï Viktorovitch Lavrov qui, du haut de ses 64 ans, en fonction depuis 2004, devrait rêver d’autre chose que de ne pas réussir à équilibrer la relation entre son pays et ses partenaires occidentaux. Son inusable « ancêtre », André Gromyko, le fit en son temps avec beaucoup de réussite. À savoir, pour la gouverne de tous, que sur l’Amérique et la Russie repose en grande partie la stabilité de notre petit monde soucieux de paix.

Gankama N'Siah

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