Les Dépêches de Brazzaville



27e sommet Afrique-France : A Bamako plusieurs forums réclament la prise en compte des intérêts des populations africaines


En amont du sommet, plusieurs rencontres se tiennent dans le pays: le forum Genre et développement en décembre 2016; la 12e édition du forum des peuples du Mali (7&8 janvier); la plateforme des organisations de la société civile organise (10 au 12 janvier) à Bamako, pour exiger la prise en compte des intérêts vitaux des pays, avant des discussions politiciennes.

 Le forum Genre et développement

La rencontre a réuni les acteurs du développement et de l’entrepreneuriat dans le secteur de l’agro-business. Ils se sont penchés sur le thème « l’entreprenariat féminin dans le domaine de l’agro-business – comment développer l’agro-business, clé de l’émergence de l’Afrique ? ». Les échanges ont offert des opportunités  à saisir aux femmes, jeunes, opérateurs économiques et élus.

Des réflexions ont été menées notamment sur les outils d’une autonomisation socio-économique effective des femmes; l’impact de l’environnement et des facteurs climatiques sur les activités agricoles des femmes entrepreneures ; l’accès de la femme à la propriété foncière ; la prise en compte du rôle de la femme entrepreneure dans la réalisation des ODD ; le renforcement des capacités managériales des femmes entrepreneures dans le domaine de l’agro-business ; l’apport d’une contribution des femmes aux thématiques du Sommet; la mise en exergue des questions du dividende démographique ; la proposition de solutions.  

Le forum des peuples du Mali : les peuples du sud à la recherche des alternatives

En contrepoids du sommet qui se tiendra les 13 et 14 janvier, s’est tenue à Ouélessebougou au Mali (7-8 janvier), la 12e édition du forum des peuples du Mali sur le thème « les peuples du sud exigent des alternatives pour un nouveau partenariat économique, sociale et sécuritaire entre la France et les Etats africains ». Plus de 800 personnes en provenance d’Afrique, d’Europe, d’Asie, d’Amérique et d’ailleurs, constitués entre autres de mouvements sociaux, de communautés rurales et de citoyens y ont pris part. L’objectif était de contribuer à travers le contre-sommet à la réflexion, à la consolidation et à la pérennisation des espèces, d’expression populaire sur les préoccupations légitimes des peuples, « des principes et pratiques néolibérales en faveur de la renaissance africaine, par le biais de l’autodétermination des peuples pour leur développement durable ».

Le sommet des peuples France-Afrique veut se faire entendre

Une plateforme des organisations de la société civile organise du 10 au 12 janvier à Bamako, un sommet alternatif de haut niveau dénommé « Sommet des peuples France-Afrique » pour se faire entendre. Des participants venus du monde entier et de toutes les couches sociales vont se pencher sur le foncier, la souveraineté alimentaire, la gouvernance et la sécurité.

L’objectif des organisateurs est « de faire entendre les voix des couches sociales exclues du développement. Si l’Afrique porte en elle l’espoir d’un avenir prometteur, elle doit l’être d’abord pour et par les peuples », a déclaré le président du forum de la société civile, Bakary Doumbia.   « L’Afrique colonisée, puis ajustée par de nombreux plans et maintenant à nouveau convoitée, subit depuis plusieurs années un retour offensif des puissances financières et des multinationales », a-t-il expliqué.

Massa Koné, membre de la commission d’organisation voudrait que ces assises contribuent à « construire des politiques publiques et de gouvernance pour une prospérité équitable et une paix durable en Afrique ». Plusieurs interrogations ont également été soulevées sur les partenariats stratégiques pour l’Afrique, la paix et la sécurité, les alternatives à l’installation des bases étrangères, les alternatives au FCFA, les mouvements sociaux, agir contre l’endettement.  

Les recommandations issues de ces forums seront remises aux chefs d’Etat lors du sommet. Si la coopération est devenue le nouveau cadre d’appréhension des relations entre la France et ses anciennes colonies. Certains membres de la société civile française et africains voudraient que cette coopération tende beaucoup plus vers une relation de dialogue, fondée sur des intérêts mutuels. Ils craignent le repositionnement de la France dans son pré carré,  son retour en force à travers les conflits que traverse l’Afrique, et le diktat de son calendrier sécuritaire au détriment du développement.

Des manifestants hostiles au franc CFA se sont mobilisés en Afrique, en France, en Europe et aux Etats-Unis le week-end dernier, pour « se défaire » de cette monnaie. Ce qu’il faudrait prendre comme une alerte.


Noël Ndong