Les Dépêches de Brazzaville



Afrique centrale : le numérique, une économie transversale et incontournable


Organisée par les Nations unies, la session du Comité intergouvernemental d’experts de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), la trente-cinquième du genre, offre aux experts une occasion de débattre, jusqu’au 27 septembre, sur plusieurs thèmes liés à la diversification économique.

 « Au début des années 2000, les premières industries du monde étaient pétrolières. Aujourd’hui, celles du numérique ont pris le dessus », a déclaré à la presse Antonio Pedro, directeur du Bureau sous-régional de la CEA, soulignant que « La nature transversale de l’économie numérique fait que ses effets soient ressentis dans tous les secteurs et activités humaines. Elle est à l’origine de nouveaux secteurs innovants et permet la poussée de la productivité et de la compétitivité qui sont incontournables pour la croissance et le développement des pays »

Divers rapports présentés par les experts montrent combien de fois le numérique s’impose comme la quatrième révolution industrielle. À titre d’illustration, en 2019, sur les dix principales capitalisations boursières mondiales, sept viennent du secteur numérique, alors qu’il y a dix ans, ces capitalisations étaient toutes ou presque dominées par le pétrole.

Tous les pays de la CEEAC, sans exception aucune, sont appelés à considérer « l’économie numérique comme catalyseur de l’économie en général », parce qu’elle est le secteur qui va permettre le vrai développement socio-économique de la sous-région.

 « Nous considérons que l’économie numérique offre à l’Afrique centrale une opportunité pour s’industrialiser et diversifier ses économies », a estimé Antonio Pedro, soulignant que cette transformation pourrait s’opérer dans le secteur agricole, vu la tendance actuelle à la digitalisation de l’agriculture observée dans nombre des pays, aussi bien d’Afrique que d’ailleurs.  

Encore de grands défis à relever

Pour passer de son statut de consommateur à celui de producteur, l’Afrique se doit de former sa jeunesse et d’investir davantage dans les infrastructures. Relever le défi de la numérisation et de la digitalisation passe, entre autres, par la réduction de la fracture numérique.

Selon les experts, en Afrique centrale le taux d’accès à la téléphonie mobile est de 65%, mais il reste inférieur au taux mondial. Tandis que le taux d’accès à l’internet est de 20% dans la zone CEEAC, bien en deçà de la moyenne mondiale qui est de 50%. La construction d’une économie numérique se fonde sur l’énergie électrique. Or, celle-ci est encore peu fiable et moins disponible dans l’espace CEEAC malgré ses potentialités. L’utilisation du numérique exige aussi l’accès aux financements, sans oublier la formation des ingénieurs, alors que 70% à 80% des jeunes sont formés dans les sciences sociales, ont relevé les experts.

« L'Afrique centrale doit s’arrimer aux pratiques mondiales de l'heure qui requièrent l'investissement dans les infrastructures de large bande, le renforcement des capacités et d'assurer la sécurité de l'écosystème numérique », a conseillé Adam Ibrahim Aboubakar, président sortant du Comité intergouvernemental.


La rédaction

Légendes et crédits photo : 

Photo de famille des experts; Une vue des participants à la 35e session du CIE/ DR