Les Dépêches de Brazzaville



Afrique de l’Ouest et centrale : près de 60 millions de personnes en insécurité alimentaire


La pandémie de Covid-19 risque d’aggraver le sort de populations souffrant de faim en Afrique de l’Ouest et du Centre. Une situation déjà en forte augmentation en 2019, et qui pourraient doubler en 2020 à cause du nouveau coronavirus, a alerté, le 3 juillet le PAM. « Les défis socio-économiques résultant des mesures instituées pour contenir la propagation de Covid-19 ont un impact important sur la sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest et du centre », a déclaré Elisabeth Byrs, porte-parole de l’agence onusienne, lors d’un point de presse virtuel depuis Genève.

Le PAM estime que le nombre de personnes souffrant d’insécurité alimentaire dans la région pourrait atteindre 57,6 millions d’ici la fin de l’année - contre 36 millions avant le début de la pandémie de Covid-19.

23 millions des personnes touchées se trouvent au Nigéria - le pays le plus peuplé d’Afrique. Près de 10 % des personnes concernées sont recensées au Niger et environ 5 % au Burkina Faso, au Tchad, au Cameroun, en République centrafricaine, au Mali et au Sénégal. La plupart des « nouveaux affamés » de la région sont des « citadins pauvres, qui vivent au jour le jour », a précisé Elisabeth Byrs.

La pandémie de Covid-19 frappe la région en pleine période de soudure, « lorsque la faim et la malnutrition empire ». Même bien avant la pandémie, l’agence onusienne estimait que 21,1 millions de personnes avaient du mal à satisfaire leurs besoins alimentaires pendant cette période allant de juin à août.

Plus de 11 millions d’enfants souffriront de malnutrition aiguë

Le PAM et l’Unicef estiment que plus de 11 millions d’enfants souffriront de malnutrition aiguë en Afrique de l’Ouest et centrale en 2020 en raison de l’impact du coronavirus, soit une augmentation de 18 % par rapport aux niveaux antérieurs à la pandémie. Avant l’arrivée de la Covid-19, le PAM prévoyait que 4,5 millions d’enfants souffriraient de malnutrition aiguë en 2020 dans six pays sahéliens : le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal et le Tchad. Aujourd’hui, avec l’insécurité croissante et la pandémie qui touche la région, ce nombre est passé à près de 5,4 millions d’enfants, selon ces agences onusiennes.

La fermeture des frontières et la suspension des marchés hebdomadaires et à ciel ouvert dans les pays de la région ont entraîné une réduction du commerce régional et empêché les agriculteurs de vendre leurs produits. Ce qui a parfois conduit à une pénurie alimentaire localisée et à une augmentation des prix. Au Libéria par exemple, le prix du manioc frais, qui est le principal aliment de base, a augmenté de 60 %, soit cinq fois plus qu’au cours des cinq dernières années. Des hausses de prix de 15 à 25 % ont aussi été observées en avril en République centrafricaine, au Tchad, au Sénégal et au Nigéria.

« En outre, de nombreux agriculteurs ne sont pas en mesure de cultiver ou de vendre leurs récoltes et on constate une pénurie de main-d’œuvre agricole et une réduction de l’accès des agriculteurs aux intrants », a relevé la porte-parole du PAM.

Face à cette situation, le PAM a revu à la hausse son aide en Afrique de l’Ouest et du Centre. Désormais, l’agence onusienne prévoit d’aider 23 millions de personnes dans la région en leur fournissant une aide alimentaire et nutritionnelle vitale. Il s’agit d’une augmentation de 8,9 millions de personnes par rapport au plan initial présenté au début de l’année. Le PAM soutient également « l’aide des gouvernements pour amortir le choc socio-économique de la Covid-19 par le biais de systèmes nationaux de protection sociale et d’une aide alimentaire ciblée ».


Josiane Mambou Loukoula