Les Dépêches de Brazzaville



Afrique du Sud : des réactions se poursuivent après le premier discours de Ramaphosa


« Le dernier discours positif de ce type que j’ai entendu était celui prononcé par Madiba (le surnom de Nelson Mandela) en 1994. », s’est enthousiasmé Narend Singh, le leader de l’Inkatha freedom party, une formation de l’opposition.

De son côté, le chef de l’Alliance démocratique, Mmusi Maimane, ne s’est pas réjoui du ton du message du président, mais a déploré son fond. « Neuf ans de présidence Zuma ont fait reculer notre nation. », a-t-il déclaré, regrettant le fait que le président Cyril Ramaphosa n’a pas montré qu’il « pouvait mettre en œuvre les changements, dont le peuple a désespérément besoin ».

Après cette adresse à la nation, nombreux sont ceux qui attendent maintenant le remaniement du gouvernement. Les réactions fusent également de tous les coins du pays à ce sujet. « Une chose que Cyril Ramaphosa doit absolument annoncer, c’est le limogeage du ministre des Finances. », a estimé le chef des Combattants pour la liberté économique, Julius Malema. « L’architecte de la capture de l’Etat, Malusi Gigaba , ne doit pas présenter le prochain budget mercredi devant le parlement. », a-t-il insisté.

L’analyste Darias Jonker, de Eurasia Group, a joint également sa voix à celles des autres pour appeler le nouveau président à concrétiser ses promesses dès que possible. « Ramaphosa va probablement se débarrasser de tous les alliés de Zuma lors du remaniement, mais seulement après la présentation du budget. », a-t-il prédit.

Dans son premier grand discours depuis la fin du règne de son prédécesseur, Jacob Zuma, Cyril Ramaphosa a exprimé sa détermination à éradiquer la corruption. « Nous devons mettre derrière nous toute la négativité qui a perturbé notre pays, parce qu’un nouveau départ nous attend. Un fantastique départ est là. », a lancé le chef de l’Etat devant le parlement. « Cette année est l’année où nous allons inverser le cours de la corruption dans nos institutions publiques. », a promis l’ancien syndicaliste puis homme d’affaires qui a été accueilli par de fréquents applaudissements et des cris d’encouragement.

Cyril Ramaphosa a promis également d’engager le pays sur « un nouveau chemin de croissance, d’emploi et de transformation ». Il a insisté sur la nécessité de donner des emplois aux jeunes, dont le taux de chômage frôle les 50%. « Offrir à un nombre beaucoup plus grand de nos jeunes une place dans l’économie productive est une urgence absolue. », a affirmé le président, qui est maintes fois revenu sur ce sujet. Il s’est également engagé à ramener la confiance des investisseurs et des marchés, qui ont sanctionné la fin du règne de Jacob Zuma par la dégradation de la note financière du pays.

Le nouveau chef de l'Etat a pris les rênes de l’ANC en décembre dernier. Depuis lors, il a tenté d’écourter le mandat de Jacob Zuma, au pouvoir depuis près de neuf ans, qui expirait dans un an, convaincu que son maintien à la tête du pays conduirait le parti à une cuisante défaite aux élections générales de 2019.

Menacé d’une motion de défiance, l’ex-président a fini par capituler en présentant sa démission le soir du 14 février. L’annonce de son départ a été accueillie avec un soulagement quasi-unanime alors que l’arrivée de son successeur suscite de fortes attentes dans une population dont la majorité vit toujours dans la pauvreté, une vingtaine d’années après la chute de l’apartheid en Afrique du Sud.

 

 


Nestor N'Gampoula