Les Dépêches de Brazzaville



Apprendre par le jeu : la méthode de Jean-Paul Wabotaï


Les Dépêches de Brazzaville : Après la musique, on vous trouve aujourd’hui sous l'habit du pédagogue… Comment faut-il vous définir finalement ?
Jean-Paul Wabotaï : Je me présente tout simplement comme un artiste qui s’étend vers l’éducation, un univers de partage autour de l’art. Partager le savoir avec les enfants, ce n’est pas nouveau, je n’ai rien inventé. Tout petits, nous avons appris nos leçons à travers des chansons restées en mémoire jusqu’à aujourd’hui. Je me définis donc comme un artiste-éducateur.

Quelle place faites-vous à nos langues alors que votre base de travail est le français ?
Nous avons choisi comme langue de départ le français. C’est la langue base de chacun d’entre nous, et nous l’avons choisie pour créer un pont par lequel le même projet pourra être soutenu pour nos langues officielles. À partir du français, on traduira les différents mots, et c’est par ce biais que nos langues prendront place dans la structure éducative. Après, les enfants apprendront l’alphabet à partir de l’une de ces langues sans trop de difficultés.

Vous êtes à la tête de l’association Enfants du Congo-Enfants du monde. Quels sont les outils, à part le CD que vous venez de présenter, qui vous permettront d'amener les enfants à l’apprentissage de l’alphabet ? Êtes-vous associés à l’Unesco ?
Nous travaillons en parallèle avec l’Unesco puisque l’institution a été lancée dans le cadre du projet de l’Unesco l’Éducation pour tous en 2000. Ce projet interpellait les artistes et associations pour faire la promotion de la culture et de l’éducation pour tous. C’est donc une sorte de partenariat qui n’a pas encore été signé, mais nous accompagnons l’Unesco dans ce projet de 2000 à 2015. Nous avons lancé le projet Aphabet-Africa avec des clips et nous avons d’autres jeux comme la marelle. Ce jeu sera exécuté en lingala ou en kituba. Le ndzango, le jeu du silikoté, le jeu de mains, le jonglage de football se feront tout en récitant l’alphabet.

Quels sont les moyens dont vous disposez pour mieux encadrer ce projet, pour un soutien en grammaire par exemple, afin que les enfants ne retiennent pas d'éléments erronés ?
Il y aura plusieurs concours dans l’idée de créer avec les compléments des uns et des autres un abécédaire en langues de chez nous. À partir de cette étape, nous enregistrerons des mots. Ces mots seront recueillis par le biais de la presse écrite, Les Dépêches de Brazzaville ou DRTV. Nous allons récupérer ces mots dans le but aussi de créer un dictionnaire. Nous constatons des carences dans nos langues. On cherche des mots parce que nous sommes limités. La langue française est dotée d’une académie. C’est pourquoi nous souhaitons réfléchir à ceux de nos mots qui sont de plus en plus francisés.


Luce-Jennyfer Mianzoukouta

Légendes et crédits photo : 

Photo : Jean-Paul Wabotaï lors de la conférence de presse à la librairie des Dépêches de Brazzaville. (© Adiac)