Les Dépêches de Brazzaville



Arewa 24 : une chaîne télévisée nigériane s’érige contre Boko Haram


En projet depuis 2012, Arewa 24 (arewa, en haoussa, signifie « haut ») verra le jour sur les écrans nigérians grâce au financement de 6 millions de dollars du Bureau antiterroriste américain en partenariat avec l’opérateur Equal Acess. Il s’agit pour Washington de « fournir une alternative aux messages de violents extrémistes », rapporte l’Agence France Presse. Arewa 24, dont la date de lancement n’a pas encore été communiquée, diffusera des programmes locaux, créés et produits par des Nigérians : de l’information, des fictions et des émissions destinées à la jeunesse. Cette nouvelle chaîne répond à une urgence face aux frappes toujours grandissantes de Boko Haram, responsable du rapt de 270 lycéennes, de l’attaque de plusieurs villages, dont l’ombre plane au-dessus de l’attentat du stade de Mumbi et du nouveau kidnapping d’une vingtaine de jeunes filles.

Fragilité de l’information

Arewa 24 a été annoncé dans les colonnes du quotidien américain New York Times, quelques jours après la saisie par l’armée des éditions de quatre quotidiens nigérians pour des raisons troubles.  Le porte-parole des armées Chris Olukolade évoque quant à lui des raisons de sécurité, affirmant que les militaires ont fouillé des convois de distribution soupçonnés d'être utilisés par des groupes armés pour transporter illégalement des armes. Le quotidien Leadership, faisant partie des quatre concernés, avait publié le 3 juin dernier un article pointant la complicité de dix généraux et cinq gradés de l’armée avec Boko Haram. Le syndicat des journalistes du Nigeria (NUJ) a fermement condamné l’action et demande des excuses du ministère de la Défense.

Le président du NUJ, Garba Mohammed, s’inquiète : « Pour nous, cela représente un danger pour la démocratie au Nigeria, et pour le journalisme dans notre pays. Cela instille la peur dans la profession. Nous […] estimons que l'armée doit tirer les conséquences de ces actes », a-t-il communiqué, dans des propos rapporté par le site www.dw.de.

Rappelons parallèlement que Boko Haram n’a pas non plus épargné les médias locaux : This Day  a été la cible en 2012 d’un attentat suicide. Les violences à répétition perpétrées par le groupe armé, auquel s’ajoute une fragilité de l’information dans le pays, « montre la nécessité d'un message différent du message destructeur de Boko Haram et des autres extrémistes violents », a déclaré un responsable de la diplomatie américaine, cité par le New York Times.


Morgane de Capèle