Les Dépêches de Brazzaville



Arts plastiques : Sardoine Mia ou l’Art comme thérapie personnelle


Il existe un adage qui dit que la valeur n’attend pas le nombre des années, un adage collant à la peau de Sardoine Miambanzila, qui du haut de ses 21 an seulement s’inscrit déjà dans la lignée des plasticiennes de talent et de renom à Brazzaville. Comme pour faire court et aller plus vite encore, c’est sous le nom d’artiste, Sardoine Mia, que cette native de Pointe Noire signe aujourd’hui ses œuvres à Brazzaville. « Mon père a été musicien dans sa jeunesse, ma mère était couturière, j’ai grandi entre l’art et l’artisanat, là est peut- être mon attirance pour tout ce qui touche à l’art. Moi, au plus jeune âge, c’était d’abord le dessin et la musique qui m’intéressaient, mais c’était encore une sorte de flou artistique car je n’avais que 5 ou 6 ans. Paradoxalement, je n’ai eu de cesse que t’entendre à la maison que  la vie d’artiste en Afrique ne menait nulle part. Mon environnement d’alors était très religieux, les portes d’une certaine liberté plutôt fermées, j’avais en tant qu’adolescente plus de restrictions que mes frères, à un point tel que je considérais qu’être femme africaine était une sorte de handicap dans mon existence », a-t-elle signifié.  

Adolescence révoltée : le calme après la tempête.

Il en résultera des « pensées noires », une adolescence autant marquée par la révolte, parfois brutale, et la dépression. Pour apaiser ses maux, exprimer ce qu’elle ne peut pas dire ou faire librement, Sardoine retranscrit son « moi intérieur » alors dans ses œuvres, entre exutoire et sortie de secours, l’art en forme de thérapie personnelle. Elle touche alors à la musique, s’évadant à jouer du piano et à chanter des airs de jazz, touche également à la comédie  dans la pièce « Bac ou mariage » de Fifi Tamsir Niane Cochery dirigée par Bill Kouelany, s’initie au street art et aux graffitis. Mais c’est à travers la peinture et la photographie qu’elle se révèle au grand public en tant que plasticienne. L’artiste, touche à tout, confie : «Ma sœur Dove, bloggeuse et artiste comme moi, a été un peu le starter de ma jeune carrière, en créant ma page sur les réseaux sociaux, en publiant mon travail. C’est à travers les réseaux sociaux que j’ai donc commencé à me faire connaître, à rencontrer d’autres artistes, cela m’a conduit à intégrer ensuite les Ateliers Sahm ». En point d’orgue, alors qu’elle n’a que 19 ans, Sardoine sera lauréate en peinture de la bourse Gasteatelier Krone Aarau pour la recherche et la création artistique aux Ateliers Sahm pour la 6e édition de la Riac.  Depuis, son travail et son talent sont reconnus et les expositions s’enchaînent, que ce soit à l’IFC de Brazzaville ou encore aux Tours Jumelles.

Peintre et photographe, ses toiles étant inspirées de ses clichés, la jeune artiste plasticienne, aujourd’hui totalement apaisée, ne vit plus que pour l’art et y consacre, en dehors de ses études en bâtiment et travaux publics,  l’essentiel de son temps. Et de conclure : «  Je peux enfin être moi, sans avoir à prouver au monde. L’Art est ma guérison et cela m’est suffisant ».


Philippe Edouard

Légendes et crédits photo : 

Sardoine Mia