Les Dépêches de Brazzaville



Athoms Mbuma : « Sanjola est un impératif. Tout ce qui respire doit louer Dieu parce qu’il est Dieu »


 L’affiche du concert SanjolaLes Dépêches de Brazzaville  : Pourriez-vous nous dire le sens exact de Sanjola, est-ce un ordre ou une invitation à louer Dieu ?
Athoms Mbuma  : Sanjola doit se comprendre comme un ordre de la part de Dieu, selon que la Bible dit : « Que tout ce qui respire loue l’Éternel ». Sanjola est à la fois un ordre du Roi des rois qui veut que l’on puisse le louer et une loi directement liée à la personne du Roi. Dieu est digne de louange, nonobstant ce qu’il a fait ou n’aurait pas pu faire entre guillemets. Dieu est digne de louange à cause de sa personne, alors Sanjola, c’est un impératif : « Tout ce qui respire doit louer Dieu parce qu’il est Dieu. »

Pour beaucoup, le concert du 13 juillet marque le retour de Gael sur la scène après près d’une année de silence. Le décès de son initiateur a-t-il été éprouvant au point de créer ce long temps mort ?
Je sais que beaucoup conçoivent les choses de cette manière. Mais il serait bien de plutôt réfléchir en s’imposant un petit recul. Il faudrait se poser la question de savoir quelle était, même du vivant de son fondateur, la date de la dernière action de Gael. À quand remonte-t-elle ? Je suis certain qu’il faudra raisonner longtemps pour retrouver cette date. C’est juste de dire que Gael a toujours pris un certain temps pour organiser ses activités personnelles, des concerts par lui-même. Ce qui ne l'empêche pas d’honorer certains contrats et de se produire sur invitation dans un lieu comme dans un autre. Dans le cas d’espèce, Sanjola est une activité propre de Gael. C’est Gael qui en a conçu le concept et veut le communiquer au peuple de Dieu. Mais généralement pour organiser ce genre de manifestation, cela prend le temps que ça peut prendre pour l’orientation que nous voulons lui donner. Pour ce qui est du silence, il est totalement logique qu’au moment où la personne qui dirigeait une vision comme celle-là n’est plus, l’on doive, avant de poursuivre, savoir dans quelle direction il faut aller. Nous avons pris le temps de reconsidérer la direction qu’il nous avait donnée, nous allons la suivre et considérer les défis qui sont propres à notre génération. Voir comment adapter les stratégies pour pouvoir résoudre les problèmes de ce temps de sorte à assurer la continuité des idées qu’il avait déjà lancées plus tôt. Et pour cela, le silence est compréhensible. Néanmoins, je rappelle que Gael est revenu déjà l’an passé, le 17 octobre. Il avait organisé une journée d’action de grâce au terrain municipal de Bandal afin de remercier Dieu après toutes les épreuves passées. Ce moment-là avait connu la participation de toute la grande famille Gael, c’est-à-dire même ceux qui ne travaillent plus de manière permanente avec nous, tout le monde était là. Nous avons répété la même expérience à Lubumbashi. Il faut aussi avoir à l’esprit qu’un événement se prépare financièrement. Du reste, nous avons choisi la date en fonction de la période, sachant que tout le monde serait en vacances et que l’atmosphère serait un peu plus détendue. Et donc, au final, le temps que nous avons mis pour à nouveau paraître face au grand public est fonction de plusieurs facteurs. Il nous fallait nous assurer de le faire au moment où nous aurions assez de personnes aptes à venir célébrer avec nous.

Au regard de la série des décès enregistrés l’an dernier, 2013 a été une année éprouvante pour Gael. Plus que tous celui d’Alain Moloto avait secoué la ville, et à cela, il est fait état de certaines défections dans ses rangs. Qu’advient-il aujourd’hui de l’effectif général de Gael, à savoir le Grand Chœur, mais aussi celui de l’équipe restreinte dite mobile ?
En effet, l’année 2013 a été très sombre pour nous avec la perte de la sœur Marthe, du frère Christian et pour finir celle de Papa Alain. Et, en ce qui le concerne, je ne dirais pas que sa mort a seulement touché la ville mais bien le monde car l’on a eu des réactions de partout. Néanmoins, c’est certain que le groupe continue à fonctionner, y compris l’équipe mobile. Mais, comme je le disais précédemment, lorsqu’on se décide à évoluer après le départ du fondateur, l’on doit réévaluer les défis et les ressources dont nous disposons. Ainsi, après évaluation, on sait ce qu’il convient de faire. Compte tenu des défis auxquels nous sommes appelés à faire face il faut composer avec un tel ou un tel autre, réorienter un tel ou un tel autre, etc. L’équipe mobile existe, la grande chorale que nous appelons le Chœur Gael aussi. Les activités de ce grand chœur avait repris officiellement depuis le 11 janvier. Et je dirais même que la petite équipe habituelle que les gens connaissent, l’équipe mobile, a gonflé ses effectifs. Nous avons juste considéré nos défis, d’observer la même vision quitte à savoir exactement quelles sont les stratégies à adapter pour qu’elle demeure applicable pendant ce siècle.

Des rumeurs se sont propagées à propos de certains départs, notamment celle du frère Clovis, pouvez-vous nous éclairer à ce sujet ?
Je dirais qu’il n’ y a pas eu de départ selon l’entendement commun ici. Je dirais plutôt que certains ont demandé une mise en disponibilité, et pour d’autres, en tenant compte des défis de l’heure, nous avons jugé bon de travailler différemment avec eux et comme les propositions de travail n’étaient pas à leur convenance, ils ont préféré s’écarter du groupe. Et, dans ces conditions-là, nous n’y pouvons rien.

Gael Lubumbashi sera-t-il mis à contribution pour le concert de demain, vu que le dernier album en date, sorti à titre posthume, Alain Moloto l’avait réalisé avec ce groupe-là  ? Et comment cela fonctionne-t-il entre Gael Lubumbashi et Gael Kinshasa ?
Pour commencer, il n’y a qu’un seul Gael. Nous ne fonctionnons pas en parallèle, Gael Lubumbashi et Gael Kinshasa. L’on ne trouvera pas un Gael dans chaque coin du monde qui fonctionnerait de manière autonome et que l’on fusionnerait en fin de compte, non. L’œuvre de Gael Lubumbashi est une réalisation que Papa Alain avait préparé dans son cœur pendant longtemps pour soutenir celle que nous menions et continuons de mener à Lubumbashi, à savoir la Communauté internationale des adorateurs, la Cinad. Pour cela, il fallait se constituer une équipe locale de chantres pour l’accompagner car il n’était pas toujours évident de déplacer tout le monde de Kinshasa lors des enseignements alors que le besoin se ressentait d’un accompagnement permanent. Et, au fur et à mesure, il s’est créé un répertoire et il paraissait plus aisé de réaliser un album qui soit basé sur les réalités partagées. Ce qui explique pourquoi la majorité des chants sont en swahili. Trois à cinq chants en d’autres langues nationales que le lingala dans le même album est une qui ne se faisait pas dans le répertoire habituel de Gael. Donc, il était fait à dessein pour ce secteur. Appeler le groupe Cinad, parce qu’il s’était constitué dans ce cadre là, aurait donné l’impression d’être un autre groupe alors qu’elle constitue une branche de Gael Ministries, c’était donc plus simple de garder le nom initial. Donc, jusqu’à preuve du contraire, notre philosophie de travail n’est pas de créer un Gael dans chaque ville.

Un message particulier à l’adresse du public que vous invitez à vous joindre au parking du Grand Hôtel ?
Je leur dirai que Sanjola est organisé pour adorer le Seigneur. Je sais qu’il y a beaucoup d’éléments qui entrent en jeu à cette occasion. Certains viendront plus pour s’enquérir de la santé du groupe, confirmer des rumeurs, pointer du doigt les absents, regarder des visages, lire des expressions, lire entre les lignes des propos qui seront dits, c’est normal, naturel que ce soit le cas. Mais je les prierai de dépasser ces aspects-là et de louer Dieu au lieu de venir passer son temps à considérer ces faits-là. Cependant, celui qui ne pourra s’empêcher de le faire, après qu’il l’ait fait, qu’il en revienne à la fin à louer Dieu parce que Sanjola est une invitation à accomplir une obligation, celle de louer notre Roi.


Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo : L’affiche du concert Sanjola. (© DR)